2013

L’ambition est-elle une valeur saine ?

Le film de la semaine : « le loup de Wall Street », le film qui raconte la montée et la chute de Jordan Belfort. Un beau film, intéressant à voir tant sur le plan de la performance des acteurs que des leçons à en tirer.

Sur ce sujet, arrêtons-nous aujourd’hui à la différence entre ambition et cupidité. Dans une interview à la chaine de télévision ABC*(USA), Jordan Belfort déclare :

« Il y a une ligne très fine entre l’ambition et la cupidité.  Vous avez le droit d’être ambitieux pour sortir du lot et  vouloir faire beaucoup d’argent, c’est le cœur du capitalisme, c’est le cœur de la réussite.
Mais cette ambition peut se transformer en cupidité si vos actions visent juste à gagner autant que vous le pouvez, aussi vite que vous le pouvez sans vous soucier de savoir qui est touché et des conséquences pour les autres. Le cupide pense : moi, moi, maintenant, maintenant, maintenant, maintenant.  

J’ai souffert d’une maladie appelée «plus». Peu importe combien j’ai eu, je voulais plus. 

Vous ne perdez pas votre sens moral d’un seul coup. Cela arrive très lentement et presque imperceptiblement.  Vous savez que vous devez bien faire les choses et un jour vous marchez sur la ligne.

La journaliste : est-ce que l’odeur de l’argent ne va pas continuer à inciter les gens à en vouloir toujours plus ?

La réponse à cette question est oui et non. Je pense qu’il doit y avoir un équilibre et je pense que cela est lié à l’attitude des patrons. S’ils font de l’argent basé sur du réel et inculquent les bonnes valeurs à leurs employés, ils méritent de gagner autant qu’ils le veulent. L’exemple doit donc venir d’en haut. Si la culture de l’entreprise est tournée vers la cupidité,  alors tout le monde dans l’entreprise finit par devenir gourmand. Si par contre, l’ambition est tempérée par une quantité appropriée de conscience  sociale, la culture interne de l’entreprise prend une tournure différente. »  

Et vous ? Quelles sont vos valeurs ? Et celles de votre encadrement ? Connaissez-vous les critères qui, dans votre activité, séparent ambition et cupidité ?

Bon réveillon !

*http://www.abc.net.au/sundayprofile/stories/2662078.htm

La curiosité est-elle un vilain défaut ?

Dans son livre « Du côté de Castle Rock », Alice Munro (Canadienne, prix Nobel de littérature 2013) raconte les pérégrinations de sa famille venue au XIXème siècle de l’Ecosse au canada et son enfance à la campagne. Aujourd’hui, mariée à un géographe, elle s’intéresse à l’histoire de son environnement, ce qui les conduit (elle et son époux) à interroger des habitants d’un endroit donné pour comprendre telle ou telle situation.

Elles n’ont pas l’air de trouver bizarre que des gens souhaitent s’instruire au sujet de choses qui ne leur seront d’aucun bénéfice particulier et n’ont pour eux aucune importance pratique. Elles ne laissent pas entendre qu’on leur fait perdre du temps parce qu’elles ont d’autres préoccupations. C’est-à-dire des préoccupations réelles. Un travail réel.
Pendant mon adolescence, l’appétit pour des connaissances dénuées de caractère pratique quelles qu’elles soient n’était pas encouragé […] Il était nécessaire d’apprendre à lire mais pas le moins du monde désirable de finir le nez dans un bouquin. S’il fallait bien apprendre l’histoire et les langues étrangères pour sortir diplômé de l’école, il était tout naturel d’oublier ce genre de choses le plus vite possible. Autrement on se faisait remarquer (en italiques dans le texte). Et ce n’était pas une bonne idée.

Ce texte m’interpelle sur trois niveaux :

Le premier est à titre personnel : sommes-nous, chacun d’entre nous, curieux et avons-nous des sujets de curiosité hors de toutes préoccupations familiales ou professionnelles ? En bref, nous accordons-nous le droit à vagabonder librement par moments ?
Le deuxième est à titre social : comment notre famille (au sens large) et/ ou nos amis, relations… voient-ils cette curiosité ? Nous envient-ils ou nous disent-ils (directement ou non) : « il ferait mieux de… ». Est-ce que cela a évolué dans le temps ?
Le troisième niveau est à titre professionnel : vous accorde-t-on le droit de vagabonder (à l’instar de Google qui encourage ses salariés, pour 10 à 20% de leur temps, à faire leur propres recherches) ou bien est-ce la loi du rendement à court terme ?
Si, globalement, j’observe que les choses ont bien évolué sur les plans personnel et social, je note une régression sur le plan professionnel avec des contraintes de temps et de charges de travail de plus en plus fortes. Résultat : le travail est fait de manière mécanique (et sans valeur ajoutée) et l’implication diminue.

Avons-nous fait le meilleur choix ?

Faites payer le pinceau !


Connaissez-vous Lippi ?  Né à l’époque de Donatello et de Botticelli (qui fut son élève), Lippi fut un grand peintre à son époque. Savez-vous qu’il fut un remarquable gestionnaire de ses talents ?

Tous les artistes de Toscane, de Rome, de Sienne lui doivent une éternelle reconnaissance. Tout ce qui, un jour, s’honore ou s’honorera du nom d’artiste le lui doit et le lui devra. Grâce à Lippi, les peintres ont acquis de « faire payer le pinceau ». Faire payer le rêve ! L’imaginaire ! L’inquantifiable ! Facturer le talent en plus du travail !

« A moi, tu me donnes juste de quoi ne pas mourir de faim. Et encore, si j’ai peu d’appétit, mais mon pinceau ! Avec quoi crois-tu que je le nourris ? Avec des rêves de ventre bien rempli ! Les ventres qui crient famine ne rêvent que de poulets rôtis ! Et tu veux des Madones, pas des saucisses ! Dis-le à mon pinceau ! Lui ne comprend que le langage des florins ! ».

Lâchée un jour de colère, l’expression est restée : « faire payer le pinceau ». ! Lippi transforme l’humble artisan, mal payé, souvent à la tâche, en artiste rétribué pour son don. On gagne mieux sa vie quand le rêve est inclus dans le devis.

Et vous ? Etes-vous payé à la tâche ou savez-vous vendre votre créativité, votre originalité ?

Acceptez votre vulnerabilité

Pourquoi refusons-nous les critiques ? Pourquoi avons-nous du mal à nous faire entendre des autres ? Pourquoi ne sommes-nous pas aimés et acceptés comme nous voudrions l’être ? Pourquoi voulons-nous être en contrôle de tout, de nous, de notre image, de notre environnement ? Pourquoi sommes-nous la génération qui consomme le plus de médicaments et d’alcool ? Pourquoi recherchons-nous aujourd’hui en politique comme en religion plus de certitudes ?

Dans une démonstration pleine d’humour, Brene Brown, une chercheuse-conteuse américaine en Sciences sociales nous fait part de sa conclusion : nous n’avons pas le courage de nous aimer tels que nous sommes et nous refusons, cachons, nions nos imperfections. Et pourtant, ceux qui sont les plus heureux, ce sont ceux qui s’acceptent tels qu’ils sont.

 

Cela n’est pas nouveau (en France, des psychiatres comme Christophe André ont développé des approches similaires.), mais c’est bon de l’entendre dire d’une manière spirituelle, enjouée et profondément humaine.

Merci à Andréa Goulet (ICF) pour avoir attiré mon attention sur cette vidéo.

Pour des rues sans paroles ?

Un extrait d’un roman de Mo Yan (prix Nobel de littérature 2012). Dans ce livre, Mo Yan raconte la vie d’une famille chinoise de la campagne, depuis l’invasion japonaise jusqu’au néo-capitalisme d’aujourd’hui au travers des tribulations de son héros « Jintong ».

Un extrait du livre
A l’entrée de la rue des restaurants était accrochée une haute pancarte verticale sur laquelle il était écrit : « le silence est d’or. Ici, la bouche ne sert qu’à manger, pas à parler. Si l’on est capable de résister, on sera récompensé. » Les lampes rouges rutilaient, des fumées roses montaient en volutes, les patrons des étals lançaient des clins d’œil aux clients ou leur adressaient un signe : la rue toute entière était plongée dans une atmosphère de mystère et de cachotterie. Des groupes de garçons et de filles respectaient scrupuleusement l’interdiction de parler, dans une atmosphère étrange et joyeuse qui ne ressemblait ni à une mauvaise plaisanterie, ni à une situation cocasse. Jintong (le héros du livre) eut la profonde sensation que, dans cette rue silencieuse, les barrières étaient tombées entre les hommes. L’enjeu suprême consistait à s’autocontrôler consciemment afin de transformer sa bouche en une sorte d’organe à fonction unique qui n’attirerait aucun ennui.

Nous parlons beaucoup, nous voyons ce que nous voulons voir et nous écoutons peu. Quant à l’odorat et au toucher, ils sont presqu’au point mort dans notre univers professionnel.
Le texte ci-dessus me fascine parce qu’il attire notre attention sur notre mauvais usage des sens, notre gaspillage devrais-je dire ! Des expériences diverses comme les journées sans mail ou bien les restaurants dans le noir nous révèlent que nous utilisons mal notre attention.
Pourquoi ne pas instaurer un journée du silence (et nous parler par signes ou par affichette), une autre sur l’intuition, une autre encore sur… ce que vous voulez, mais dans tous les cas le but est de réapprendre à percevoir l’autre comme un tout, à le reconnaître, à l’écouter. Peut-être qu’à ce moment-là, comme pour Jintong, les barrières entre les hommes tomberont.

Travaillez-vous en pyjama ?

Le télétravail se développe en France, de manière officielle (via un accord interne avec l’entreprise) ou informelle (quand vous décidez de travailler le soir, le week-end ou entre deux rendez-vous ailleurs qu’à votre bureau).

Le travail hors de son bureau (et notamment chez soi) permet une certaine décontraction vestimentaire, voire même de ne pas s’habiller.

Selon un sondage réalisé par Wakefield Research pour Citrix, plus de deux télétravailleurs sur cinq avouent regarder la télé durant leur journée, un tiers d’entre eux fait un peu de ménage et un quart prépare le dîner sur ses heures de boulot. Question présentation, le relâchement est à la mode : 25% des télétravailleurs traînent en pyjama quand 49% optent pour le duo jean – tee-shirt et se vautrent sur le canapé.

Etes-vous choqué ? Si vous comparez cela avec le temps passé par nombre de personnes assises à leur bureau et qui se promènent sur facebook ou ebay, posez-vous la question sur qui est le plus honnête.

Après tout, il est possible (voire souhaitable), entre deux tâches qui ont demandent de la concentration, de se détendre. Certains feront de la cuisine ou le ménage quand d’autres iront à la machine à café ou surferont.
Finalement, nous travaillons parfois (mentalement) en pyjama à notre bureau. Le tout est de savoir si vous êtes payé à la tâche ou selon un objectif. De moins en moins de personnes sont payées à la tâche, mais l’esprit critique demeure même si les objectifs sont atteints.

Certains en sont culpabilisés, d’autres jaloux ; c’est tout un travail que de passer du temps à la tâche à l’objectif à atteindre.

Que dites-vous de vous ?

 

Le mois dernier, McKinsey* a publié une intéressante étude sur comment les entreprises B2B parlent à leurs clients. Le cabinet d’organisation a d’un côté analysé la littérature publiée par les entreprises (site internet, catalogues, …) et d’un autre côté interrogé  700 cadres sur la manière dont ils évaluaient les marques de leurs fournisseurs.

Les résultats (voir l’image ci-dessus) sont interpellant : Des thèmes comme la responsabilité sociale ou  le développement durable ont peu d’influence sur les acheteurs (rappelons qu’il s’agit d’un marché B2B) alors qu’ils sont promus par les entreprises. A l’opposé, des thèmes attendus par les acheteurs, comme un dialogue ouvert et honnête, la gestion de la chaîne d’approvisionnement ou la mise e valeur de l’expertise technique sont peu (ou pas) promus par les entreprises.

Si vous transposez cela à votre environnement professionnel, comment parlez-vous à vos « clients internes », qu’il s’agisse de vos collègues, votre hiérarchie au sens large et plus globalement votre environnement professionnel ?

  • Est-ce que vous promouvez votre travail (et celui de votre équipe) ou vous-même de la même manière que tout le monde ou savez-vous vous distinguer, d’une manière honnête et originale ?
  • Est-ce que vous utilisez toutes les occasions de partage (en face-à-face, par téléphone ou mail) pour mieux connaître les attentes de vos interlocuteurs et mettre en avant ce que vous pouvez leur apporter ?
  • Etes-vous cohérent avec vous-même et ce que vous apportez aux autres sur le moyen terme ? Vos interlocuteurs ont-ils une claire conscience  de ce que vous apportez sur chaque projet (qu’il soit un succès ou un échec) que vous traitez ?

Qu’en déduisez-vous ?

*Source : McKinsey Quarterly

Vaincre ses points faibles

 

Je partage avec vous ce témoignage publié dans Capital d’octobre, un coaching réalisé par ma collègue Maryse.

Dans notre pratique du bilan de compétences,  nous constatons souvent que les personnes expriment une peur de passer à l’action,  une fois leur objectif et moyens définis. Nous avons tous des croyances à l’égard de nos capacités à accomplir avec succès une tâche ou un  ensemble de tâches surtout quand celles-ci sortent de notre zone de confort.

La peur est saine lorsqu’il y a un danger, un risque, un  exemple : « j’ai peur de prendre ma voiture parce que je suis en état de grande fatigue » ; la peur nous renseigne sur le risque potentiel.

A côté de cela, ce sportif de haut niveau sait utiliser ses ressources lors de compétitions qui demandent de savoir :

  • prendre des décisions
  • prendre des risques
  • se focaliser sur l’étape suivante et non sur les erreurs
  • fédérer une équipe autour de lui

C’est le rôle du coach de l’aider à transposer ce savoir- faire dans un autre univers. La prise de conscience qui en a résulté  lui a permis de gagner une compétition d’un nouveau genre pour lui : convaincre un  vendeur et les banques de son projet de reprise de cette brasserie. Il a su faire preuve de conviction, de persévérance,  démontrer sa détermination et obtenir l’adhésion de tous.

Et vous quelles ressources avez-vous su transposer dans un autre contexte ?

PS : si vous passez à Annecy, allez le saluer = Brasserie Saint Charles, 46 avenue du Parmelan 74000 Annecy (derrière les Galeries Lafayette). La table est bonne !   

Perfection ou excellence ?

Voici un texte extrait d’un livre aujourd’hui épuisé (mais trouvable d’occasion) sur la différence entre la perfection et l’excellence.

« Le perfectionnisme est un piège dangereux. Il nous séduit, parce que nous estimons qu’il est nécessaire à la réussite, alors qu’il en est le plus grand obstacle. Il nous empêche de prendre des risques, de chercher de nouvelles perspectives et d’utiliser des solutions originales pour résoudre les problèmes.
Si l’excellence est un processus dynamique d’amélioration constante, la perfection est un état statique (et hypothétique) à l’aune duquel nous nous jugeons toujours mal !
La prise de risques fait partie des ingrédients essentiels d’une vie motivante, et il n’est pas possible d’attendre d’être parfait pour commencer à en prendre. Si vous n’imaginez pas la réussite possible sans la perfection. Vous aurez tôt fait de tomber dans le piège de la victimisation. A partir de là, cette perfectibilité deviendra votre meilleure excuse pour ne rien entreprendre.
Imaginez que vous regrettiez de ne pas savoir écrire de la poésie. Qui vous empêche ? Peut-être trouverez-vous le frein (un souvenir scolaire de la notation par exemple). L’obligation que vous vous donnez d’écrire un poème « parfait » vous empêche alors d’essayer de composer le premier vers. Dans ce cas, vous traversez votre vie comme si quelqu’un était sans cesse en train de vous observer et de vous « noter ».
La peur de ne pas être parfait vous interdit alors de prendre les risques qui s’imposent pour mener une vie satisfaisante.
Le perfectionnisme conduit directement à la paralysie. La bonne nouvelle, c’est qu’être responsable (et tendre vers l’excellence) n’a rien à voir avec le fait d’être parfait. »

Alors, devez-vous chercher la perfection ou l’excellence ?

Dans votre tête, voyagez-vous en 1ère ou en 2ème classe ?

Quel regard portez-vous sur vous-même ? Quel regard les autres portent-ils sur vous ?  Le hasard de mes pérégrinations en région parisienne m’ont conduit à acheter un ticket de train parce que je sortais de mon espace Navigo  (pour les automobilistes et non-parisiens, il s’agit de la carte de transport en région parisienne) ;

A la vue de ce ticket, j’ai constaté  que je voyageais en 2ème classe. La belle affaire ! Il n’y a qu’une classe dans les transports parisiens et ce depuis… 1991 !

Vous auriez pu penser qu’il n’est nul besoin d’indiquer la classe sur le ticket puisqu’il n’y en a plus ? Non, la SNCF a jugé utile de la maintenir. Pourquoi ? Mystère !

En tout cas, ce qui est interpellant, c’est qu’elle ait retenu la 2ème classe. Le gouvernement de l’époque aurait pu imaginer nous faire tous monter en 1ère (dans les trains, il n’y a que la couleur des sièges qui changent, et encore !).  Non ! Nivellement par le bas, tout le monde en seconde. De toutes façons, ici, les nantis et les puissants, ne prennent pas le train, mais la voiture.

Cela est très caractéristique d’une culture française de l’égalité par la médiocrité. « Je ne veux pas voir une tête qui dépasse », donc tout le monde se base sur la moyenne la plus basse. Il y a d’autres cultures où, à l’inverse, on considère que les gens naissent égaux et avec la même chance, donc que les meilleurs gagnent : ils seront reconnus.

A l’opposé, chez nous, réussir est mal vu et gagner de l’argent, c’est encore pire.

Voici une grille de lecture pour l’étude d’Alma Consulting, parue en septembre 2013, et que nous dit l’absentéisme (et la désimplication) des cadres augmente d’année en année.

Alors, dans votre tête, dans quelle classe circulez-vous ?