mai 2013

Qui sont vos blondes flashantes ?

Dans son dernier livre (éditions Leo Scheer, 2013), Serge Koster attire notre attention sur la double biographie d’Alfred Hitchcock : la biographie « réelle » de sa vie et celle liée à ces films et à l’aura de gloire qui entoure ses films. Comme il le dit très justement (page 68) : « Julien Gracq (in Entretiens, 2002) pose, après Proust, qu’il existe une biographie de l’écrivain distincte de celle de l’homme, qui a sa courbe, ses péripéties à elle, sans lien apparent avec les événements de sa vie, parce que les seuls éléments en sont les livres, écrits ou  manqués, et ce qui les a fait naître. »

Dans le cas d’Hitchcock, Serge Koster parle du rôle des « blondes  flashantes » (Grace Kelly, Kim Novak, Eva Marie Saint et  Tippi Hedren)  dans les films et la bio du cinéaste

Transposons cela dans la vie en entreprise : votre image, dans la tête de vos collègues, clients, fournisseurs, recruteurs…  est-elle liée à vous-même (avec vos qualités et défauts)  ou aux résultats (positifs ou négatifs) qui vous sont imputés (à tort ou à raison) ? L’image qui vous colle est-elle  celle d’une personne un homme qui a été au bon endroit pour hériter du succès d’une action (ou de son échec) ?

Cela serait sans conséquence si ces résultats ne vous marquaient pendant longtemps (pour le bien ou pour le pire).

Ainsi, quelqu’un qui aurait l’image d’un redresseur d’entreprise (à tort ou à raison) peut ne se voir proposer que de tels postes. De même, si le hasard des évolutions dans votre entreprise vous a fait évoluer vers un poste sans intérêt pour vous (et vos compétences), n’y a-t-il pas le risque d’avoir du mal à en sortir aux yeux des recruteurs ?

Alors, qui sont vos « blondes flashantes » ?

Comment écrieriez-vous honnêtement votre bio ?

Laquelle préférez-vous ? La « brillante »  (liée aux actions qui vous sont attribuées) ou la réelle ?

Nous sommes (presque) tous des femmes au travail

« Les codes de l’entreprise restent penser par les hommes pour les hommes » : partant de ce constat, Anne-Cécile Sarfati, rédactrice en chef adjointe au magazine prodigue des conseils concrets pour être plus visible  dans son ouvrage  » Etre femme au travail : ce qu’il faut savoir pour réussir mais qu’on ne vous dit pas ».

A la lecture de ceux-ci, ne sommes-nous pas, messieurs, souvent des femmes au travail ?

  •  Cessez d’attendre qu’on vous repère spontanément : cette attitude peut être perçue comme un signe d’humilité mais aussi d’arrogance. Ne signifie-t-elle pas en effet, que vous seriez tellement géniaux qu’on devrait vous remarquer spontanément 
  • Acceptez que votre expertise et/ou vos résultats dans votre travail ne suffisent pas : certes le « faire » est important mais le « faire-savoir » l’est tout autant. « Nous sommes évalués non pas sur ce que nous sommes, mais sur la perception de ce qu’on semble être, non sur ce qu’on dit, mais comment c’est entendu, non sur ce qu’on fait, mais comment on est perçu en le faisant ». 
  • Apprenez les techniques de l’affirmation de soi... pour faire évoluer votre manière de communiquer avec les autres dans votre entreprise. 
  • Ne négligez pas les titres et les attributs des postes que vous occupez. Dans l’entreprise, il faut avoir du contenu bien sûr, mais également du style. Et le style passe par les apparences. Or quoi de plus apparent que les titres et les bureaux ?
  •  Devenez visible auprès de vos N+2 et N+3 : vous pouvez rayonner et tisser des relations utiles dans votre entreprise tout en restant loyal. Un moyen classique de se faire remarquer est d’accepter de participer, voire de proposer sa contribution lors de projets transversaux pilotés directement par la hiérarchie supérieure. Une autre stratégie est de participer à des conférences et autres séminaires, qui sont l’occasion d’échapper un peu aux règles hiérarchiques classiques.
  • Gérez votre image en réunion : beaucoup de personnes pensent qu’elles doivent tout savoir sur tout avant de se  lancer, qu’elles doivent parler doucement en pensant que c’est ainsi qu’on les entendra et elles sont terrorisées à l’idée d’être prises en défaut par leur auditoire. Mais il y a toujours une marge de manœuvre pour progresser dans son expression orale Si c’est le cas, faites un stage de prise de parole en public.
  • Ne négligez pas votre image en séminaire : il est bon de participer de bonne humeur aux fêtes et autres activités collectives, mais on ne peut ni tout y dire ni tout y faire. 
  • Préparez au maximum les entretiens … que vous pouvez avoir avec les gens « importants » de votre entreprise et notamment votre entretien annuel, si ce rendez-vous est prévu dans votre entreprise. Certes, il est important de garder son naturel et de communiquer selon sa propre personnalité, mais attention à ces petites habitudes de langage qui peuvent brouiller vos messages en donnant l’impression que vous manquez de confiance en vous…
  •  Développez votre réseau professionnel : il vous permettra de tisser des liens utiles pour vous mais également de rayonner puisque les gens qui vous connaîtront (client, collègues, etc.) pourront parler de vous.

Hommage au leader aristocratique (et psychologique)

 Les médias sont pleins de leaders : des leaders effectifs,  ceux qui anticipent et donnent la      direction; des leaders institutionnelles, qui sont officiellement chefs mais ne dirigent pas (comme la Reine d’Angleterre, par exemple) ; des leaders évhémères, des leaders qui sont absents ou qui ont disparu mais sont présents dans la tête de ceux qui les suivaient (l’influence de l’Abbé pierre, chez Emmaüs)…

Pourtant la quatrième catégorie (selon Eric Berne, père de l’Analyse Transactionnelle), le leader psychologique, on en parle peu. C’est le leader vers lequel on se tourne en cas de difficultés. Ce peut être un de vos collègues, quelqu’un d’un rang hiérarchique supérieur ou moindre et  qui a de l’écoute, un savoir-faire en termes de compréhension, de soutien.

Ces obscurs,  ces sans-grade (pour Plagier Edmond Rostand et sa tirade de l’Aiglon), ce sont ceux qui rassure, calme, pondère.

Je voudrais leur dédier ce texte d’Edgar Morgan Forster (1879-1970),  un  écrivain anglais qui a écrit dans son livre « Two Cheers of Democracy » le texte suivant : « Et pourtant je crois en l’aristocratie. Si le mot est exact et si un démocrate peut l’employer. Non pas à une aristocratie basée sur le rang et l’influence, mais à celle des prévenants, des discrets et de ceux qui ont du cran. On trouve ses membres sans toutes les nations, parmi toutes les classes et chez des gens de tout âge. Et il y a comme une connivence secrète entre eux quand ils se croisent. Ils représentent la seule vraie tradition humaine, l’unique victoire permanente de notre drôle de race sur la cruauté et le chaos. Des milliers d’entre eux périrent dans l’obscurité ; peu sont de grands noms. Ils sont à l’écoute des autres comme ils le sont d’eux-mêmes, sont attentionnés sans en faire des tonnes, et leur vaillance n’est pas une pose mais plutôt une aptitude à pouvoir tout endurer. Et en plus ils ont de l’humour… »

Merci à Anna Gavalda qui me l’a fait découvrir au travers de son livre « La Consolante » (J’ai lu, 2010)

Le manager de proximité, un métier à forts enjeux

Coincé entre la hiérarchie et la base, le manager de proximité doit faite exécuter des ordres sans en avoir ni les moyens (humains, matériels…) ni la possibilité de les transférer sur quelqu’un d’autre. C’est un job qui demande à la fois beaucoup d’humain, de volonté et de clarté dans les orientations. Ci-dessus une intervention de Jean Pol Roulleau qui montre bien l’évolution du manager de proximité de la transmission d’ordres à celui de développeur des compétences. Une image de ce qui attend l’ensemble des encadrants ?

Soyez pianiste de votre avenir !

Dans la partie supérieure du centre commercial de La Défense, il y a un grand nombre de restaurants disposés en U avec, au centre, un piano à queue disposé sur une estrade. Rien de particulier si ce n’est que le piano joue tout seul (miracle de l’électronique). Bien sûr un pianiste est prévu à certaines heures (notamment le week-end), mais dans le fond, en a-t-on réellement besoin ? la musique dispensée est variée de bonne qualité et les touches du piano qui s’agitent, créent un sentiment de vie (si non, on pourrait remplacer le tout par de grandes enceintes).  Le pianiste a-t-il encore un avenir ? Si la magie est celle du piano, alors, laissons les pianos seuls et sirotons notre breuvage préféré en regardant le piano.

Si j’étais pianiste, je m’inquiéterais. Bien sûr, le pianiste peut s’adapter facilement à la demande, reprendre un morceau qui a plu, créer une ambiance… Tout cela est difficile pour un piano électronique qui se programme à l’avance. Oui, mais… le piano électronique n’est pas payé,  n’a pas de charges sociales, se repose très peu et ne se met pas en grève. La tentation est donc grande pour les responsables de centres (centres commerciaux, bar, restaurants…) de se passer de plus en plus de pianistes.

La situation est-elle désespérée ? Oui, si les pianistes restent dans le cercle restreint des salles de concert. Non, si ils cherchent à aller au-devant des « mélomanes ». L’exemple ci-dessus présenté sur la photo est à New York, au milieu de Washington Square (Greenwich Village) où chaque week-end, un homme vient avec son piano à queue jouer au milieu de la foule. Oui, mais c’est en Amérique, dites-vous !

Vous pouvez retrouver la même situation en France et à Paris plus particulièrement. En voici deux exemples vus cette semaine (liste non exhaustive !).

  • A l’entrée du métro Saint Germain des Près, sur le boulevard Saint Germain, j’ai croisé plusieurs fois un groupe de jazz avec un vrai piano droit.
  • A Opéra, sur le quai en direction de Villejuif / mairie d’Issy, un joueur de synthétiseur (d’accord, ce n’est pas un piano).

Je ne sais si le marketing est enseigné au Conservatoire, mais certains semblent en avoir tiré les leçons. Voici un bel exemple de mise en valeur de son savoir (et savoir-faire) Savons-nous faire de même avec nos talents, c’est-à-dire les mettre en valeur au bon endroit ?