novembre 2013

Pour des rues sans paroles ?

Un extrait d’un roman de Mo Yan (prix Nobel de littérature 2012). Dans ce livre, Mo Yan raconte la vie d’une famille chinoise de la campagne, depuis l’invasion japonaise jusqu’au néo-capitalisme d’aujourd’hui au travers des tribulations de son héros « Jintong ».

Un extrait du livre
A l’entrée de la rue des restaurants était accrochée une haute pancarte verticale sur laquelle il était écrit : « le silence est d’or. Ici, la bouche ne sert qu’à manger, pas à parler. Si l’on est capable de résister, on sera récompensé. » Les lampes rouges rutilaient, des fumées roses montaient en volutes, les patrons des étals lançaient des clins d’œil aux clients ou leur adressaient un signe : la rue toute entière était plongée dans une atmosphère de mystère et de cachotterie. Des groupes de garçons et de filles respectaient scrupuleusement l’interdiction de parler, dans une atmosphère étrange et joyeuse qui ne ressemblait ni à une mauvaise plaisanterie, ni à une situation cocasse. Jintong (le héros du livre) eut la profonde sensation que, dans cette rue silencieuse, les barrières étaient tombées entre les hommes. L’enjeu suprême consistait à s’autocontrôler consciemment afin de transformer sa bouche en une sorte d’organe à fonction unique qui n’attirerait aucun ennui.

Nous parlons beaucoup, nous voyons ce que nous voulons voir et nous écoutons peu. Quant à l’odorat et au toucher, ils sont presqu’au point mort dans notre univers professionnel.
Le texte ci-dessus me fascine parce qu’il attire notre attention sur notre mauvais usage des sens, notre gaspillage devrais-je dire ! Des expériences diverses comme les journées sans mail ou bien les restaurants dans le noir nous révèlent que nous utilisons mal notre attention.
Pourquoi ne pas instaurer un journée du silence (et nous parler par signes ou par affichette), une autre sur l’intuition, une autre encore sur… ce que vous voulez, mais dans tous les cas le but est de réapprendre à percevoir l’autre comme un tout, à le reconnaître, à l’écouter. Peut-être qu’à ce moment-là, comme pour Jintong, les barrières entre les hommes tomberont.

Travaillez-vous en pyjama ?

Le télétravail se développe en France, de manière officielle (via un accord interne avec l’entreprise) ou informelle (quand vous décidez de travailler le soir, le week-end ou entre deux rendez-vous ailleurs qu’à votre bureau).

Le travail hors de son bureau (et notamment chez soi) permet une certaine décontraction vestimentaire, voire même de ne pas s’habiller.

Selon un sondage réalisé par Wakefield Research pour Citrix, plus de deux télétravailleurs sur cinq avouent regarder la télé durant leur journée, un tiers d’entre eux fait un peu de ménage et un quart prépare le dîner sur ses heures de boulot. Question présentation, le relâchement est à la mode : 25% des télétravailleurs traînent en pyjama quand 49% optent pour le duo jean – tee-shirt et se vautrent sur le canapé.

Etes-vous choqué ? Si vous comparez cela avec le temps passé par nombre de personnes assises à leur bureau et qui se promènent sur facebook ou ebay, posez-vous la question sur qui est le plus honnête.

Après tout, il est possible (voire souhaitable), entre deux tâches qui ont demandent de la concentration, de se détendre. Certains feront de la cuisine ou le ménage quand d’autres iront à la machine à café ou surferont.
Finalement, nous travaillons parfois (mentalement) en pyjama à notre bureau. Le tout est de savoir si vous êtes payé à la tâche ou selon un objectif. De moins en moins de personnes sont payées à la tâche, mais l’esprit critique demeure même si les objectifs sont atteints.

Certains en sont culpabilisés, d’autres jaloux ; c’est tout un travail que de passer du temps à la tâche à l’objectif à atteindre.

Que dites-vous de vous ?

 

Le mois dernier, McKinsey* a publié une intéressante étude sur comment les entreprises B2B parlent à leurs clients. Le cabinet d’organisation a d’un côté analysé la littérature publiée par les entreprises (site internet, catalogues, …) et d’un autre côté interrogé  700 cadres sur la manière dont ils évaluaient les marques de leurs fournisseurs.

Les résultats (voir l’image ci-dessus) sont interpellant : Des thèmes comme la responsabilité sociale ou  le développement durable ont peu d’influence sur les acheteurs (rappelons qu’il s’agit d’un marché B2B) alors qu’ils sont promus par les entreprises. A l’opposé, des thèmes attendus par les acheteurs, comme un dialogue ouvert et honnête, la gestion de la chaîne d’approvisionnement ou la mise e valeur de l’expertise technique sont peu (ou pas) promus par les entreprises.

Si vous transposez cela à votre environnement professionnel, comment parlez-vous à vos « clients internes », qu’il s’agisse de vos collègues, votre hiérarchie au sens large et plus globalement votre environnement professionnel ?

  • Est-ce que vous promouvez votre travail (et celui de votre équipe) ou vous-même de la même manière que tout le monde ou savez-vous vous distinguer, d’une manière honnête et originale ?
  • Est-ce que vous utilisez toutes les occasions de partage (en face-à-face, par téléphone ou mail) pour mieux connaître les attentes de vos interlocuteurs et mettre en avant ce que vous pouvez leur apporter ?
  • Etes-vous cohérent avec vous-même et ce que vous apportez aux autres sur le moyen terme ? Vos interlocuteurs ont-ils une claire conscience  de ce que vous apportez sur chaque projet (qu’il soit un succès ou un échec) que vous traitez ?

Qu’en déduisez-vous ?

*Source : McKinsey Quarterly

Vaincre ses points faibles

 

Je partage avec vous ce témoignage publié dans Capital d’octobre, un coaching réalisé par ma collègue Maryse.

Dans notre pratique du bilan de compétences,  nous constatons souvent que les personnes expriment une peur de passer à l’action,  une fois leur objectif et moyens définis. Nous avons tous des croyances à l’égard de nos capacités à accomplir avec succès une tâche ou un  ensemble de tâches surtout quand celles-ci sortent de notre zone de confort.

La peur est saine lorsqu’il y a un danger, un risque, un  exemple : « j’ai peur de prendre ma voiture parce que je suis en état de grande fatigue » ; la peur nous renseigne sur le risque potentiel.

A côté de cela, ce sportif de haut niveau sait utiliser ses ressources lors de compétitions qui demandent de savoir :

  • prendre des décisions
  • prendre des risques
  • se focaliser sur l’étape suivante et non sur les erreurs
  • fédérer une équipe autour de lui

C’est le rôle du coach de l’aider à transposer ce savoir- faire dans un autre univers. La prise de conscience qui en a résulté  lui a permis de gagner une compétition d’un nouveau genre pour lui : convaincre un  vendeur et les banques de son projet de reprise de cette brasserie. Il a su faire preuve de conviction, de persévérance,  démontrer sa détermination et obtenir l’adhésion de tous.

Et vous quelles ressources avez-vous su transposer dans un autre contexte ?

PS : si vous passez à Annecy, allez le saluer = Brasserie Saint Charles, 46 avenue du Parmelan 74000 Annecy (derrière les Galeries Lafayette). La table est bonne !   

Perfection ou excellence ?

Voici un texte extrait d’un livre aujourd’hui épuisé (mais trouvable d’occasion) sur la différence entre la perfection et l’excellence.

« Le perfectionnisme est un piège dangereux. Il nous séduit, parce que nous estimons qu’il est nécessaire à la réussite, alors qu’il en est le plus grand obstacle. Il nous empêche de prendre des risques, de chercher de nouvelles perspectives et d’utiliser des solutions originales pour résoudre les problèmes.
Si l’excellence est un processus dynamique d’amélioration constante, la perfection est un état statique (et hypothétique) à l’aune duquel nous nous jugeons toujours mal !
La prise de risques fait partie des ingrédients essentiels d’une vie motivante, et il n’est pas possible d’attendre d’être parfait pour commencer à en prendre. Si vous n’imaginez pas la réussite possible sans la perfection. Vous aurez tôt fait de tomber dans le piège de la victimisation. A partir de là, cette perfectibilité deviendra votre meilleure excuse pour ne rien entreprendre.
Imaginez que vous regrettiez de ne pas savoir écrire de la poésie. Qui vous empêche ? Peut-être trouverez-vous le frein (un souvenir scolaire de la notation par exemple). L’obligation que vous vous donnez d’écrire un poème « parfait » vous empêche alors d’essayer de composer le premier vers. Dans ce cas, vous traversez votre vie comme si quelqu’un était sans cesse en train de vous observer et de vous « noter ».
La peur de ne pas être parfait vous interdit alors de prendre les risques qui s’imposent pour mener une vie satisfaisante.
Le perfectionnisme conduit directement à la paralysie. La bonne nouvelle, c’est qu’être responsable (et tendre vers l’excellence) n’a rien à voir avec le fait d’être parfait. »

Alors, devez-vous chercher la perfection ou l’excellence ?