Arrêtez de faire du théâtre !

Blog semaine 21 Triangle theatral C-Philippe-Geluck_newsDans toute situation vécue douloureusement (que ce soit dans la vie professionnelle ou privée), nos émotions peuvent avoir tendance à prendre le dessus et mêler les faits et les émotions, d’où un dialogue impossible. Comment rétablir celui-ci ?

J’ai découvert* que le triangle dramatique de Karpman (outil d’Analyse Transactionnelle) s’appelle aussi le triangle théâtral. Que nous enseigne-t-il ? Dans une situation qui nous touche, nous entrons instinctivement dans une des trois positions suivantes :

  • Soit nous adoptons une posture victime : nous nous rabaissons, nous supplions, nous piquons une colère : notre interlocuteur peut se sentir coupable, se taire ou se défendre.
  • Soit nous pouvons être dans une posture de persécuteur et attaquer virulemment notre interlocuteur qui, là aussi, se recroqueville ou se fâche (concours de décibel assuré).
  • Enfin, nous pouvons être dans une posture de sauveteur, c’est-à-dire que nous sommes prêts à admettre le point de vue de l’autre en oubliant nos intérêts, ce qui entraîne un déséquilibre dans les rapports qui sera à terme une nouvelle base de conflits.

Non seulement nous prenons, selon les situations, l’une ou l’autre de ces positions, mais en plus, au fil de la conversation ou des entretiens suivants, nous prenons les autres positions. La résultante est que face à des attitudes de jugement, de reproches ou d’exonération de responsabilités, un véritable dialogue ne peut s’établir.

Alors, comment sortir de ce théâtre ? Trois clés (parmi d’autres) :

  • La première est de « ralentir », c’est-à-dire ne pas répondre impulsivement, mais plutôt écouter pour comprendre et reformuler. La méthode du DESC (Décrire les faits, Exprimer ses émotions, proposer des Solutions et Conclure) peut être utile pour à la fois ramener le débat sur des bases saines et prendre en compte ses émotions.
  • La deuxième est d’identifier et d’exprimer nos besoins. Souvent ce n’est pas l’autre qui nous énerve, mais la lecture de la situation. Par exemple, nous voulions être présent à une réunion professionnelle, mais personne ne nous a informé qu’elle avait déjà eu lieu. Avions-nous fait savoir que nous voulions y être et ce que nous pouvions y apporter ? Pourquoi était-ce important pour nous ? Obtenir de la visibilité, de la légitimité, être impliqué dans un projet… ?
  • La troisième clé est de différencier « besoin » et « stratégie ». Notre besoin est, par exemple, d’être reconnu. Ce besoin doit être nourri pour que nous nous sentons bien. La stratégie est comment nous allons le nourrir : par exemple, en portant un projet clé, en ouvrant de nouvelles pistes… Un dialogue constructif peut vous permettre de mieux comprendre votre besoin, ce à partir de quoi vous pourrez choisir la stratégie ad hoc.

Alors, sortez de la posture théâtrale et commencez par réfléchir aux poses que vous prenez machinalement. Cela vous aidera à vous sortir de ce théâtre en impasse.

* inspiré d’un texte lu dans un livre d’Anne Clotilde Ziégler, « la jalousie amoureuse », Solar (2018)