Faut-il arrêter de (faire) croire au Père Noël ?

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Nous sommes en pleine période de Noël et nos enfants rêvent de celui-ci. Bien plus, nous ne sommes pas les derniers à entretenir cette légende.

 Il n’y a d’ailleurs pas que les enfants qui croient au Père Noël. Les adultes ont aussi leurs Pères Noëls, qu’ils s’appellent hommes politiques de tous bords, jeux de hasard, philosophes du bonheur ou de l’apocalypse ou encore dirigeants d’entreprise, syndicalistes, managers…

 Un article récent des Echos fait le point sur l’effet à long terme de ce mythe sur la confiance des enfants en leurs parents. Nous l’avons étendu à la confiance des adultes vis-à-vis de la classe politique, des médias, ou de leurs dirigeants.

 Pour la plupart des personnes qui entretiennent cette croyance, c’est une manière de faire vivre une part de magie dans l’imaginaire de leur auditoire. Mais viendra inévitablement le moment où la magie prendra fin, où l’auditeur comprendra que le Père Noël n’a jamais existé.

 Ce moment de désillusion n’est pas toujours sans conséquence. Dans un article publié dans la revue Lancet Psychiatry , deux psychologues mettent en garde contre ce « gentil mensonge », « un exercice moralement ambigu ». Mentir aux (grands) enfants, même sur quelque chose d’aussi merveilleux que le Père Noël, pourrait saper leur confiance en leurs responsables (au sens large = parents, leaders…) et les laisser en proie à une « dure déception », écrit le Guardian qui pu interviewer les chercheurs.

 « Le mythe du Père est un mensonge si durable, qui demande tant d’implication, que si une relation est vulnérable, cette désillusion peut être celle de trop. Si les responsables peuvent mentir de façon si convaincante et pendant une si longue période, sur quoi d’autres peuvent-ils mentir ? », explique Kathy McKay, psychologue clinicienne à l’Université de Nouvelle-Angleterre, en Australie et co-auteur de l’étude. « Il y a un risque pour les (grands) enfants de se sentir blessés » en comprenant que l’on a abusé de leur naïveté.

 Pourquoi ce « mensonge collectif à l’échelle mondiale », comme l’appellent les psychologues, persiste ? D’abord en raison à la tendance de l’être humain à se conformer, même lorsqu’un comportement est illogique. Mais les psychologues suggèrent aussi que les responsables du mythe cherchent égoïstement à faire revivre ce qu’ils ont eux-mêmes vécus, à échapper eux aussi à la réalité.  « La persistance de fanatisme dans des histoires comme Harry Potter ou Star Wars dans l’âge adulte illustre bien ce désir », ajoute Kathy McKay dans le DailyMail .

 Les psychologues jugent sévèrement les responsables entretenant l’idée d’un Père Noël potentiellement terrifiant, jugeant si les (grands) enfants ont été gentils ou méchants.

 Si l’on décide de faire croire son entourage à l’existence du Père Noël, il faut préparer le moment où ils apprendront la vérité. Ils accepteront mieux la disparition du Père Noël s’il est accompagné, lorsqu’il commence à avoir des doutes, que s’ils l’apprennent de façon brutale, comme de la bouche de leurs camarades, souvent moins délicats.

Joyeuses fêtes (de Noël)

Source : Les Echos