Gestion des priorités ou multitâche ?

Une étude* récente des chercheurs de l’université de Stanford (Californie, USA) révèle que les accrocs du multitâche ont souvent un mauvais rendement dans nombre de leurs activités : ils ont du mal à se concentrer, ils sont distraits plus facilement et ils ont plus de mal à organiser l’information. L’étude, ici, est basé sur 100 étudiants classés plus ou moins multi-tâches.

Ce qui est paradoxal c’est que les chercheurs cherchaient ce qui rend les « multi-tâcheurs » plus efficaces ; Ils pensaient découvrir quelque qualité rare et ils ont trouvé le contraire.

Pour un non adepte du multitâche, les études ne sont guère étonnants. Tout un chacun est soumis aujourd’hui à un état de stress, des déluges d’informations contradictoires et de multiples sollicitations. Le plus vous êtes multitâches, le plus vous vous interrompez dans ce contexte. C’est le principe comptable du LIFO : « Last in, First out » c’est ce qui vient en dernier qui est traité de suite. Malheur aux longs projets.

Le cœur du problème, disent les chercheurs, c’est que les multitâches pensent qu’ils excellent dans ce qu’ils font et qu’ils font tout pour convaincre leur entourage qu’ils le sont.

Les mono-tâches en retirent un complexe d’infériorité. Un des interviewés mono-tâche, lors de l’étude, déclare : « je ne peux faire qu’une chose à la fois, et quand je vois un collègue écrire tout en répondant au téléphone et en classant ses papiers, j’ai l’impression d’être lent.»

Rappelez-vous la fable du lièvre et de la tortue. Même si vous savez que la tortue gagnera à la fin, qui ne préfère pas être le lièvre, vif et agile ?

Pourtant, ne vous y trompez pas : nous sommes tous des multitâches à un moment ou un autre. Le tout est de savoir aussi se trouver des plages de recul et de mono-tâche. Ce dont nous parlons ici, c’est de multitâches permanents : cela relève de l’angoisse ou du manque de confiance : ils pensent exister par le mouvement frénétique qu’il créé.


C’est curable, mais c’est un long travail; Nous y reviendrons.

Gérard Rodach


  • Etude publiée dans les annales de l’Académie National des Sciences (24 août).