La crise de milieu de vie peut être bénéfique

La crise (personnelle) est à la mode. Extraits d’un article du Guardian(et trouvé sur Slate), une réflexion sur la crise de la quarantaine, mais qui pourrait être aussi celle des 30 ans, des 50 ans ou des 60 ans.

Le nom anglais de ce phénomène est un peu plus parlant : « midlife crisis», la crise du milieu de la vie. Ce moment où l’on se retourne pour constater ce que l’on a accompli et où l’avenir peut être perçu comme terrifiant. Baisse de la productivité, de la créativité, déclin général, dépression… Ce passage n’est pourtant pas obligé, loin de là, explique Jonathan Rauch, 58 ans, journaliste éditorialiste et auteur américain de La courbe du bonheur : pourquoi la vie s’améliore après le milieu de la vie.

Il concède volontiers l’existence d’un temps de remise en question, de plus forte vulnérabilité, mais faire une «crise» n’est pas systématique –de la même façon que tous les adolescents ou adolescentes ne se mettent pas à détester leurs parents. L’idée d’un passage à vide très dur à 40 ans est surtout basée sur des stéréotypes, que Jonathan Rauch démonte.

Pour Jonathan Rauch, le processus est long et cumulatif. La cinquantaine est un temps de transition, naturel, graduel, gérable et sain. Vieillir n’est pas non plus l’unique facteur de bonheur ou de malheur, mais il peut faire la différence si ce moment est abordé paisiblement.

En commençant sa vie d’adulte, les gens sont ambitieux et compétitifs, désireux de se réaliser et d’accumuler du capital social. Après la cinquantaine, le schéma de valeurs change, il devient plutôt axé sur les relations avec ses proches, sur des activités. C’est l’entre-deux qui serait étrange, ce moment de transition dont certains et certaines n’auraient pas toujours conscience.

Pour Rauch, ce peut être encore plus pervers pour ceux et celles qui ont « réussi ». Il s’appuie alors sur la théorie «du tapis roulant hédonique» ou de « l’adaptation hédonique » : plus une personne réussit, plus elle a des difficultés à se réjouir car elle place ses ambitions toujours un peu plus haut. Une insatisfaction chronique, en somme.

Celles et ceux qui réussissent mais ne sont pas heureux ont l’impression que leur insatisfaction est injustifiée et irrationnelle, qu’elles et ils échouent moralement, ce qui les rend encore plus insatisfaits.

« À 50 ans, mes meilleures années sont derrière moi » est un stéréotype qui a la peau dure. Alors qu’en fait, la courbe du bonheur montre qu’il n’en est rien. Vieillir rendrait plus positif et moins stressé, explique Jonathan Rauch. Une étude de Laura Carstensen suggère que le pic de bonheur se trouve entre 60 et 70 ans, et montre qu’il n’y a pas de diminution de la productivité après 50 ans.

Oui, les personnes passent par une période de transition, mais cette dernière est normale et bénéfique. Pensez-y en soufflant vos bougies.