L’entreprise « papa-maman » (1)

Faut-il tuer les grandes entreprises ?

Le magazine « World business » comprend cette semaine un article de Corinne Maier, auteur de « Bonjour Paresse ». Sa thèse est simple : « les grandes entreprises ne nous rendent pas heureux et nous poussent au désengagement et à la perte de motivation ». Cela a, en tout cas, fait le bonheur de l’auteur qui a vendu plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et a été traduit dans de nombreuses langues.

Elle en veut pour preuve le manque d’intérêt de son travail quand elle travaillait dans une grande compagnie d’énergie. Peut-être que son travail manquait d’intérêt et pouvait effectivement manquer d’intérêt. Cela m’interpelle toutefois :

  • Qu’a-t-elle fait pour améliorer son quotidien ?
  • Elle travaillait à mi-temps : a-t-elle recherché d’autres jobs ?
  • J’ai eu l’occasion de travailler pour cette entreprise : comme dans toute entreprise, il y a des îlots de faible productivité et une majorité qui travaille dur : merci pour ces derniers qui se sont vus coller une étiquette de « paresseux » !

Sur un plan plus général, l’entreprise a-t-elle pour fonction de rendre les gens heureux ou bien ces derniers doivent-ils trouver leur propre voie ? Nous pourrions discourir longtemps sur ce thème. Trois illustrations :

  • Au début du 20ème siècle, dans la logique des penseurs sociaux, les grandes entreprises avaient une vocation sociale « paternaliste » : Michelin possédait des magasins, des écoles et une église.
  • Aujourd’hui, les dernières manifestations (type anti-CPE ou référendum européen) ont montré la puissance d’un courant qui demande soutien et protection à l’Etat (slogan type « L’Etat ou l’entreprise ont des devoirs et nous des droits ! »)
  • En contrepoint à cet exemple, la réflexion d’une amie qui travaille à cheval sur la France et sur l’Angleterre : « en France, les gens ont peur du chômage, les entreprises en profitent et ne font pas grand-chose pour motiver ; en Angleterre avec le quasi plein-emploi, les entreprises ont peur de perdre leurs employés et les bichonnent !».

Qui a raison ? nous y reviendrons dans une prochain billet !