L’improvisation, une qualité professionnelle ?

Blog semaine 7 improvisationParadoxe : dans un monde professionnel où tout s’organise, se planifie et se suit (le mode projet n’a jamais été aussi présent), votre capacité d’improvisation peut être un atout.   

Si nous en croyons François Muller (« Chroniques parisiennes en innovation et en formation ») qui  s’interroge sur le fait de savoir si tout doit être normé et calibré en termes d’éducation, l’improvisation est une qualité pro.  Je transposerai ses propos dans le monde de l’entreprise.

Il donne un exemple tiré du livre d’Éric Abrahamson, « Un peu de désordre = beaucoup de profits ». Dans le domaine de l’économie, « l’ordre peut coûter cher, (…) le désordre peut être rentable et (…) les organisations trop rigides brident souvent la créativité ».

Parodions les propos de Vincent Troger  (article de Sciences Humaines) :  agir en entreprise, «c’est d’abord agir en situation d’incertitude, et souvent d’urgence ». En cause, parfois la situation, mais toujours le comportement des collègues, habitués à remettre en cause en permanence les décisions.

La gestion des projets et /ou des réunions se traduisent donc en gestion du désordre. Car cette situation de tâtonnement « ne correspond pas à la représentation que l’on se fait généralement de la rigueur d’un projet. Pour se prémunir contre ces incertitudes, vous pouvez avoir tendance à peaufiner votre préparation jusqu’à la dernière minute. Mais gare à la sur-préparation ! Elle « témoigne d’un état de faiblesse structurelle et d’un manque de confiance dans sa propre expertise » explique François Muller. Le hasard a même sa place et quand il est fécond, on le nomme sérendipité, ou fortuité. C’est l’art de trouver quelque chose que l’on ne cherchait pas auparavant.

Mais attention. Qui dit improvisation ne dit pas cacophonie ou éparpillement. L’apparent désordre peut cacher en fait une solide préparation et même une expertise. François Muller est formel : « l’accueil de l’imprévu, la gestion du désordre sont des actes tout aussi professionnels que la planification annuelle des performances ! ». Et le cas particulier des technologies numériques : elles « exigent une vraie expertise professionnelle (…) dans l’appréhension et la conduite de l’imprévisibilité, de l’immédiateté, de l’opportunité de se saisir de tout pour apprendre ensemble ».

En bref, savoir manier le désordre peut être fécond. Celui qui est passé maître dans l’art de jongler entre ordre et désordre gagnera en sérénité et en efficacité.

A vous de jouer !

Source : http://lewebpedagogique.com/