Qui tue le talent ?

Un taux de réussite au bac à 90% et des notes supérieures à 20 pour les meilleurs, voilà de quoi me faire frémir. Cette délégitimisation de l’examen n’aurait guère d’importance, si les gens diplômés étaient bien formés et trouvaient un travail qui leur plaise. Mais est-ce vraiment le cas ?

Ken Robinson est un professeur anglais, spécialiste en créativité et éducation. Ici, dans cette vidéo, il réfléchit à l’impact de l’éducation actuelle.

Un bref extrait (si vous n’avez pas 20’ pour écouter la vidéo)

Dans les 30 prochaines années, selon l’UNESCO, il y aura plus de personnes dans le monde diplômée que depuis le début de l’histoire.  Soudainement, les diplômes ne valent plus rien. Quand j’étais étudiant, si tu avais un diplôme, tu avais un travail. Si tu n’avais pas de travail, c’est que tu n’en voulais pas un. Et je n’en voulais pas un, honnêtement. Aujourd’hui, il faut un Master alors qu’avant tu n’avais besoin que d’une Licence et pour certains il faut même un Doctorat. C’est un processus d’inflation académique. Et cela nous montre que le système éducatif en entier est entrain d’évoluer sous nos pieds. Nous devons radicalement repenser notre vision de l’intelligence.

Or, chaque système éducatif sur Terre à la même hiérarchie de sujets.  Tout en haut, vous avez les mathématiques et les langues, puis les sciences humaines, et tout en bas les arts.  Et dans à peu près, tous les systèmes aussi, il y a une hiérarchie dans les arts. L’art et la musique sont normalement plus haut à l’école que l’art dramatique et la danse. Il n’y a aucun système d’éducation qui enseigne la danse chaque jour à des enfants comme nous leurs enseignons les maths. Pourquoi ? Pourquoi pas ?  La vérité, ce qui ce passe est, que quand les enfants grandissent, nous commençons à les éduquer progressivement de la taille. Puis nous nous concentrons sur leurs têtes. Et principalement sur une partie.

Je pense qu’on devrait conclure, que ceux qui réussissent, qui font tout ce qu’on attend d’eux, qui ont tous les bons points, qui sont les gagnants – que le but final de l’enseignement public à travers le monde est de produire des professeurs d’université. Il y a, d’après mon expérience, quelque chose de singulier avec les professeurs — pas tous, mais typiquement — ils vivent dans leurs têtes. Ils sont désincarnés, on peut dire, d’une manière littérale. Ils perçoivent leurs corps comme un moyen de transport pour leurs têtes.

Notre système éducatif est basé sur la notion d’aptitude académique. Et il y a une raison. Le système entier a été inventé pour satisfaire les besoins d’industrialisation. La hiérarchie est donc fondée sur 2 idées. Premièrement, que les sujets les plus utiles au travail sont au sommet. Vous étiez donc de façon bienveillante écartés de certaines choses à l’école, des choses qu’enfants vous aimiez si elles ne vous permettaient pas d’obtenir un travail. Ne fais pas de musique, tu ne seras pas musicien. Ne fais pas de l’art, tu ne seras pas un artiste. Un conseil bienveillant — qui est maintenant, profondément faux. Le monde entier s’engouffre dans une révolution. Le second point est que l’habilite académique, domine vraiment notre vision de l’intelligence, car les universitaires ont modelé le système à leur image.  Et la conséquence est que beaucoup de gens talentueux, brillants, créatifs pensent qu’ils ne le sont pas, car les matières où ils étaient bons à l’école n’étaient valorisées, ou étaient même stigmatisées. Ça ne peut pas continuer ainsi.

Et vous ? comment aidez-vous vos enfants à se préparer au futur ?

Transposez cela à l’entreprise : comment développez-vous vos compétences et celles de vos collaborateurs / collègues ?