Qui veut tuer la motivation des collaborateurs ?

 

Dans nombre d’entreprises, les Chiffres d’Affaires sont stagnants, voire en baisse, les dépenses d’investissement coupées et les hausses de salaire limitées à un ou deux pour cent. Bref, pas facile d’être manager et de motiver son équipe sans perspective de nouveaux projets et de gains en retour. Bien plus, la tendance est à la réduction des effectifs, d’où  une injonction paradoxale : faire plus, mieux, plus vite, le tout avec moins d’effectifs… sans gagner plus, voire moins (avec la baisse de l’intéressement).

Remarquez, tout le monde n’est pas perdant : les grands groupes, dans l’ensemble, se portent bien, grâce aux ventes sur d’autres marchés et la non-harmonisation fiscale à travers le monde, ce qui leur permet de gagner plus d’argent.

Un article récent dans Harvard Business Review  (Throws Up All Over Stock Buybacks, signé par William Lazonick and Matt Hopkins) explique comment General Motors fut sauvé de la faillite par le gouvernement US (et donc par les ménages US pour 11 milliards de dollars) et grâce à un accord douloureux avec les syndicats (21.000 licenciements, des gels de salaires pour le personnel en poste, des réductions substantielles pour les nouveaux, des baisses des pensions de retraite…).

La restructuration permit de relancer l’entreprise et de renouer avec les bénéfices. Ceux-ci permirent de relancer les investissements… en Chine,  de distribuer de généreux dividendes aux actionnaires et de faire monter le cours en bourse grâce à de massifs rachats d’actions (au détriment des investissements).  Bien sûr les ouvriers n’ont pas été oubliés. 45.000 d’entre eux ont reçu une prime. Cette prime a couté 115 millions de dollars à GM (à comparer avec les 5 milliards de dollars de rachat d’actions).

Encore si ces sommes extravagantes donnés aux actionnaires servaient à l’investissement aux USA, vous pourriez penser qu’il s’agit d’une forme de redistribution, mais cet argent est principalement investi à l’étranger…

Les USA ne sont pas les seuls concernés. Un article récent sur Slate (http://www.slate.fr/story/98835/revanche-des-actionnaires) fait le point (en français, cette fois) sur cette situation.

Dernière histoire dans les médias : l’annonce des coupes (et risques de suppression d’emploi) à Radio France qui dans le même temps dépense 105.000 euros pour changer les lambris du bureau du P.D.G (plus d’infos sur http://goo.gl/gpxzYU).

Bien sûr, cela ne concerne que les grands groupes internationaux (ou les groupes publics). Mais le mal est là : on en parle de plus en plus et il va devenir difficile de convaincre les salariés de faire plus pour quasiment moins, même si c’est la réalité de leur entreprise.  Ne vous étonnez pas qu’aujourd’hui, 10% des salariés sont activement engagés, 60% désengagés (ils font leur travail sans plus) et 30% activement désengagés.

Faudra qu’on m’explique comment motiver les salariés aujourd’hui !