Revoir la notion de compétitivité

Aux Universités d’été de l’économie de demain, Emmanuel Faber, ex PDG de Danone, a fait un discours critique sur la notion de compétitivité. Tout en démontant certaines logiques dangereuses sur la compétitivité, il prône une nouvelle manière de l’aborder en prenant en compte l’environnement et la cohésion sociale.

J’y rajouterai, pour ma part, la notion de transmission.

Pour Emmanuel Faber, la compétitivité est importante à prendre en compte, le tout est de bien la définir. Aujourd’hui, selon la vision du Ministère de l’Économie, celle-ci se mesure par le rapport entre les coûts à l’importation et ceux de la production locale.  Cette vision étroite ne prend pas en compte d’autres éléments : l’écosystème tout d’abord  (il prend en exemple les échanges entre entreprises dans des zones spécialisées comme le décolletage dans la vallée de l’Arve).

Ensuite, le mode de calcul purement comptable omet la compétitivité sociale. Ainsi l’attrait d’un secteur en termes d’image pèse fortement dans le choix des talents lorsqu’ils veulent bouger.

Enfin, les choix écologiques à long terme des entreprises sont également clés. Si une entreprise est à court terme très compétitive au prix de la destruction du sol ou de l’environnement, que deviendra-t-elle lorsque ses conditions de succès auront disparu. La pêche en mer pour certaines espèces en est un bon exemple.

J’y ajouterai la notion de transmission. Si une entreprise fait travailler à fond ses salariés sans favoriser leur montée en compétences et/ou la transmission des savoir-faire aux personnes en interne, il est facile d’imaginer l’appauvrissement progressif qui en résultera.

De nouvelles normes comptables (lors de la COP 26 de Glasgow en novembre prochain) vont conduire  les entreprises cotées à l’obligation de reporting RSE.

A quand un reporting qui mettrait en avant le travail interne en termes de montée en compétences et de transmission ?

Ce n’est pas un sujet nouveau. Certaines entreprises ont une image d’université continue où les jeunes diplômés savent qu’ils apprendront beaucoup en complément de leurs études. Aujourd’hui où de nombreux entreprises de tous types pleurent sur la difficulté de trouver des salariés avec la reprise progressive de l’activité, il faudrait leur poser la question : Vous cherchez des bras, mais que proposez-vous à vos futurs salariés en termes de montée en compétences ? ».

Nous sommes au XXIème siècle, où le savoir se périme vite, pas au XIXème !

Et dans votre entreprise, comment cela se passe-t-il ?