Savez-vous goûter au plaisir de ne rien faire ?

Bien sûr, nous rêvons tous de prendre des vacances. Je dirais même que dans le pays des 35 heures et des RTT, nous n’avons jamais autant aspiré à nous reposer. Mais savons-nous vraiment nous arrêter ? Trouvons-nous du plaisir dans le fait de ne rien faire ou bien remplissons-nous nos moments hors travail de mille et unes activités ? Dans son livre « Mange, prie, aime » (Le livre de Poche, 2010) Elizabeth Gilbert nous fait une intéressante comparaison entre le mode de vie américain (son pays natal) et celui de l’Italie (où elle séjourne depuis quelques mois).

Elle nous explique qu’elle est une « WASP » (White Anglo-Saxon Protestant) et qu’elle a été élevée dans une culture du travail et que les valeurs transmises étaient basées sur la fiabilité, l’organisation et la réussite : « nous avons pris beaucoup de plaisir en famille, au milieu des rires, mais les murs étaient tapissés de listes de tâches à accomplir et jamais je ne suis adonné à l’oisiveté ».

Elle estime que ses compatriotes, en général, ne sont pas doués pour la détente. Ils travaillent dur et cela leur plaît puisque nombre d’études montrent qu’ils se sentent plus heureux et plus épanouis au bureau que chez eux. Ils dépensent des millions de dollars en distractions (casino, parcs à thème) mais ce sont rarement des distractions tranquilles. Quand ils ne sortent pas, ils traînent chez eux en regardant machinalement la télévision. E. Gilbert nous présente le stéréotype du cadre archi stressé qui n’arrive pas à décompresser en vacances.

En Italie, les Italiens lui expliquent que si en Italie, on a toujours et on continue à travailler dur, les Italiens ont toujours entretenu l’idéal du « bel farniente » (la beauté de ne rien faire). C’est pour eux le but suprême, celui qui révèle que vous avez réussi dans la vie quand vous savez vous en délecter. C’est à la portée de tous et nullement réservé aux riches.

Elle comprend mieux alors que lorsqu’elle a décidé de s’accorder une année sabbatique et de partir à travers le monde, lâchant mari et boulot, les Américains la traitèrent d’irresponsable alors que les Italiens la félicitaient et l’encourageaient dans sa démarche.

Etes-vous donc plus proche des Américains ou des Italiens ? La question peut être posé différemment : vous donnez-vous, par moments, la permission de faire ce qui vous fait plaisir ou vous sentez-vous tenu de faire des choses, même pour le plaisir, par culture, obligation sociale ou devoir ? Savez-vous arrêter et ne penser à rien et renvoyer (pour quelques minutes) ceux qui vous entourent au plan privé en leur disant : « laisse-moi ne rien faire ! » Un bon exemple aussi est celui des enfants : laissez-vous vos enfants s’ennuyer ? Ou leur organisez-vous des activités pour meubler leur temps libre ?

Peut-être devrions-nous à ré apprendre à ne rien faire…