mars 2013

Carrière : combien d’amis pouvez-vous avoir dans votre réseau ?

Gérer sa carrière aujourd’hui, c’est entre autres entretenir et développer son réseau de relations. La tendance est même à surdimensionner l’importance celui-ci. Avec les réseaux sociaux sur la toile, certains ont ainsi quelques milliers d’amis. Est-ce vraiment un réseau ?

 Robin Dunbar, un anthropologue anglais a repris les travaux des spécialistes des primates et en a conclu que la taille moyenne d’un groupe dans lequel chacun peut entretenir des relations avec les autres était de 148 (nombre arrondi à 150), un résultat qu’il estimait comme une hypothèse moyenne (l’intervalle de confiance à  95% est de 100 à 230).

Ce nombre est aujourd’hui largement utilisé tant dans les sciences sociales que dans le bâtiment, l’urbanisme ou la constitution d’équipes.

Que disent les spécialistes des primates ? Les primates ont besoin tant pour leur sécurité que pour leurs besoins sociaux de maintenir des contacts avec les autres membres du groupe.  Dunbar s’est appuyé à la fois sur l’évolution de la taille du néo-cortex (qui s’est développé il y a  250.000 ans), la taille des tribus du néolithiques et  les réseaux que se constituent les primates. Pour Dunbar, aller au-delà de 150 suppose un accroissement du néo-cortex.

En fait, Dunbar est d’une génération d’avant Linkedin. Ce qui n’est pas pris en compte, c’est la forme et la dimension de la relation. Vous pouvez avoir des relations serrées avec certains quand, dans le même temps, vous restez heureux (ou non) de revoir par hasard des anciens camarades d’école ou d’entreprises.

Nos ancêtres avaient besoin de groupes uniques et cohérents (le village par exemple) quand nous vivons avec des grappes de connaissances différenciés : les amis, les collègues, les gens avec qui vous partagez un hobby, les gens du même secteur d’industrie…

Il en ressort que cette approche par grappe vous permet d’aller bien au-delà des 150 (rappel : Dunbar parlait d’une moyenne entre 100 et 300) et que ce que vous devez réaliser, c’est votre besoin de grappe (idée reprise par Google +).

Dunbar, dans son livre Grooming,  Gossip and the evolution of language (Harvard University Press, 1997)  a d’ailleurs noté qu’il existait trois types de communautés  avec des gammes de taille respectives de 30-50 (les bandes), 100-200 (les lignages culturelles) et 500-2500 (les tribus). La base des liens est un langage commun.

Posez-vous donc la question de vos appartenances « linguistiques » : avec qui savez-vous et pouvez-vous échanger ? Cela explique pourquoi des réseaux sociaux qui vous permettent d’agglomérer à peu de frais des personnes qui ont des hobbies communs ou des métiers similaires peuvent favoriser des groupes de contacts de plusieurs centaines, voire de milliers de personnes.

Pour en faire plus , faites-en moins !

Tony Schwartz: The Myths of the Overworked Creative from 99U on Vimeo.

La fin du mythe du workalcoolique : tout le système économique est là pour nous encourager à travailler plus, à faire des heures supplémentaires et à être en liaison avec nos affaires jour et nuit grâce à (ou à cause de) notre smartphone. La preuve ? Dites à vos amis que votre travail ne vous submerge pas et que vous terminez à une heure normale : vous serez immédiatement taxé de paresseux, de « fonctionnaire » (vieux cliché !) quand, eux, vos amis travaillent jusqu’à 20h et restent joignables jour et nuit (ils oublient aussi de dire qu’ils commencent souvent vers 9h30/10h.)

Pourtant, il y a 2500 ans, à une époque où n’existait pas Internet, Lao Tseu écrivait : « Celui qui s’accroche à son travail ne créera rien de durable. Fais simplement ton travail et lâche prise ».  Plus facile à dire qu’à faire, diront certains.

Pourtant, de nombreuses études montrent qu’un mélange de travail intellectuel, d’activités physiques en journée, de courtes siestes l’après-midi et davantage de sommeil favorisent la productivité et la performance.

Ainsi, une étude de l’université de Floride (USA) a établi que les professionnels avaient tendance à travailler mieux par intervalles de 90 minutes avec des pauses régulières.

A titre d’illustration, voici une vidéo d’un chantre du « Pour en faire plus, faites-en moins ! ». Il s’agit de Tony Schwartz. Tony Schwartz est le fondateur et PDG de The Energy Project, une entreprise qui aide individus et des organisations à recharger leur énergie et à développer leur engagement, leur concentration et leur productivité.

Osez la transmission de vos connaissances

La transmission des connaissances est un des sujets chauds du moment à la fois pour les managers et pour les organisations. Comment assurer la survie du savoir quand toute la gnération du baby-boom part à la retraite ?  Voici  un extrait du livre coécrit avec Dominique Szulka : « Former, mentorer, , tutorer » à paraître le 21 mars chez ESF.

Soyons honnêtes, dès lors qu’il s’agit de transmettre votre savoir, voire d’organiser la transmission du savoir de l’équipe vers d’autres services, votre première réaction sera de considérer cette mission parmi d’autres tâches, à la différence près que celle-ci paraît complexe à mettre en œuvre : « transférer quoi et à qui ? », « comment m’y prendre ?», « où trouver le temps nécessaire alors que je croule déjà sous le travail et que le transfert de ma connaissance n’est pas inscrite dans mes objectifs ? ». Pour autant, la mise en œuvre d’un process de transmission peut aussi se révéler bénéfique à terme, tant pour vous que pour l’entreprise.

 En moyenne, un Français reçoit 35 mails par jour. Ce phénomène a accentué ce qui a toujours été une réalité : le temps économique n’est pas le temps social. D’un côté, il faut délivrer vite des informations en ayant toujours le regard fixé sur les résultats ; de l’autre, prendre le temps d’expliquer, de convaincre, motiver, partager pour conduire à l’action.

 Pris dans des logiques d’objectifs collectifs et individuels, le manager s’adapte d’abord à ce qui lui est demandé. Mais dans l’entreprise, sait-on encore questionner ? Trop souvent, la solution d’une problématique donnée est envisagée avant même d’avoir creusé la nature du problème.

 De plus, dans cet environnement vertigineux  et incertain les décisions prises peuvent être rejetées avec la même force de conviction que celle qui animait leur mise en place, il est de bon ton de raccourcir les temps consacrés à l’apprentissage.

 La difficulté du manager réside dans le fait qu’il est toujours en situation de tiraillements, a priori en contradiction : le business – traduit dans les objectifs, la recherche du résultat et le reporting – contre l’équipe qui produit et qu’il doit développer en termes de compétences. S’il est vrai que le manager est le premier niveau RH de l’organisation  il doit sans cesse naviguer entre le court terme et le moyen terme.

Longtemps les modes de fonctionnement de l’entreprise laissaient la part belle aux personnes qui détenaient l’information. En 1977, le sociologue Michel Crozier décrit ce système et fait la démonstration que le pouvoir appartient à la personne qui sait.

 À l’heure des réseaux sociaux, la durée de pertinence d’une information est devenue très courte. À peine connue, déjà diffusée, propagée, l’information peut perdre de son intérêt mais reste exploitable. En ce sens, le « pouvoir » n’appartiendrait-il pas alors à celui qui transforme l’information pour la rendre intéressante ou utile, et la partager au plus grand nombre ? Si vous acceptez ce postulat, il est temps de formaliser votre savoir et d’organiser des opérations de transfert.

 Non diffusée, toute connaissance à quelque niveau d’expertise que ce soit risque de se scléroser. Faire le pari de la partager, c’est multiplier le nombre de personnes « sachantes » et potentiellement la transformer en pratique.