juillet 2013

Simplifiez votre regard sur vous-même

Imaginez un colloque sur la finance (sujet à l’ordre du jour, mais ce pourrait être aussi de la politique, de l’écologie, de l’économie…). De nombreux experts viennent vous expliquer ce qu’il faudrait faire. Le drame, comme souvent dans ce genre de réunions, c’est qu’ils vous proposent des solutions bien argumentées et définitives, mais malheureusement contradictoires. L’auteur*, dans son livre, imagine qu’un professionnel prenne la parole et présente ainsi son exposé :

S’il fallait jouer au Monopoly sans règles, ce serait le chaos. Imaginer maintenant si on remplaçait les six ou huit pages qui expliquent traditionnellement les règles du jeu par une centaine de volume de 2 ou 3.000 pages chacun en petits caractères. Qui pourrait encore y jouer ? Le banquier, ses amis, quelques tricheurs… il m’arrive de penser que c’est cette version qui s’impose aujourd’hui. Un peu de simplicité et de bon sens nous aiderait à nous arrêter un moment et à nous demander quel est le but du jeu, le vrai but du jeu…

Notre vie professionnelle (et souvent privée) présente les mêmes caractéristiques. Vous êtes chargés d’une mission avec des objectifs, mais en fait de multiples causes tant politiques que personnelles viennent compliquer les règles du jeu. En fait ce qui devrait être simple (le fait d’avoir un objectif clair) peut vous paraître complexe (vais-je réussir ? Quel est le risque de réussir ? De rater ? Suis-je fait pour ce type de tâche ? Dans le fond, qu’ai-je envie réellement de faire ?, …)

Au moment où vous êtes (ou vous vous préparez à y être) en vacances, c’est le bon moment de prendre ce recul sur la frénésie quotidienne et de vous poser quelques questions** :

• Quelle est ma mission actuelle ?

• Que voudrais-je obtenir à la fin de celle-ci (une activité similaire ? Différente ?)

• Qu’est-ce qui pourrait m’empêcher de réussir et de continuer dans cette direction ?

• Comment pourrais-je savoir que j’ai réussi ?

• Quel prix suis-je prêt à payer pour y arriver ?

• Quelle serait ma vie si je ne réalisais pas ce que j’ai toujours rêvé de faire ?

*ce livre raconte le trajet de Bruxelles à Lisbonne de deux personnes étrangères l’une à l’autre et qui au fil des heures vont échanger et apprendre à se connaître.

** retrouvez ces questions, et plein d’autres encore, dans mon dernier livre : « Donnez du sens à votre vie avec la méthode NEWS » (ESF, 2013)

Votre projet est perçu comme stupide ? Lancez-vous !

Daniel Isenberg, un spécialiste de l’entrepreneuriat vient de publier (en anglais) : « Worthless, impossible and studip » (Harvard Business Press, 2013). Il y explique notamment que :

  • Les meilleures réussites en entrepreneuriat sont basées sur la reprise d’idées déjà existantes et non sur l’innovation.
  • Vous n’avez pas besoin d’être un expert dans l’univers que vous visez pour réussir. Les meilleurs n’ont fait que repérer une opportunité. 
  • Le jeune âge est plus un handicap qu’un atout. Ce sont souvent des gens plus mûrs et expérimentés qui réussissent. 

Moralité : notre époque aime donner une image jeune aux entrepreneurs, peut-être pour permettre aux plus âgés de pouvoir s’auto-excuser de ne pas se lancer.

Soyez authentique, mais pas trop !


Qui n’a jamais entendu ces phrases : « Soyez authentique ! Soyez vous-même ! Restez naturel ! »

Est-ce que cela paie ? Oui, sûrement. D’abord, parce que vous faites illusion 15 minutes peut-être, mais très vite le naturel revient au galop et gare au contrecoup. Votre interlocuteur peut vous en vouloir de s’être fait piéger. Ensuite, parce que même si vous avez obtenu ce que vous voulez (un contrat, un poste, …), est-ce vraiment adapté pour vous ?

Mais devons-nous être purement authentique ?  Oui, mais avec un bémol : que représente votre authenticité pour votre interlocuteur ?

Dans son livre « Le management expliqué par l’art » (Ellipses, 2013), Olivier Babeau explique les grands concepts du management  au travers d’anecdotes issues du monde artistique. Il écrit notamment ceci à propos de l’authenticité :

Vous connaissez sûrement la Vénus de Milo qui est exposée au Louvre. Si elle est souvent présentée comme un parfait exemple de l’art grec classique, vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’elle est doublement fausse :

  • Elle est tout d’abord une imitation des statues de l’époque classique (Vème avant JC), mais a été sculptée trois siècles plus tard. Il s’agit de la reprise d’un vieux classique avec des touches de modernisation, une sorte de « vintage » avant l’heure, à destination de clients intéressés par ce style modernisé (il y en a eu des centaines de copies à l’époque). Ce qui n’est pas « exact » aux canons classiques, c’est la torsion du corps, les plis des draperies et l’aspect dénudé.
  • La seconde erreur est son caractère dépouillé, sa blancheur. Or, à l’époque, les statues (et les monuments) étaient peintes. Il en était de même au Moyen Age avec les Cathédrales (ceux qui ont visité la sainte chapelle à Paris ont pu voir ce que cela donnait).

Cela veut dire qu’en art, le produit « authentique » n’est jamais repris tel quel, il est réinventé. En art, comme en marketing et … en recrutement, la vérité, l’authenticité n’ont aucune importance. Ce qui compte, c’est la manière dont les gens se représentent cette vérité. Les œuvres, comme les produits, sont des objets symboliques chargés d’une puissance d’association indépendante de leur authenticité.

Moralité : soyez authentique, mais pas trop !

Aimez-vous l’urgence ?

Cette semaine, un extrait du livre de Benny Barbash : « My first Sony » (Points)

C’est grâce à ma grand-mère que je compris qu’il existait un rapport entre le temps et l’air. Premièrement, ils sont tous deux transparents et deuxièmement, ce qui est bizarre avec les deux, c’est que l’on ne se rend pas compte de leur présence, alors que lorsqu’on n’en a pas, on s’en rend compte et comment ; lorsqu’on n’a pas de temps, le matin par exemple, tout le monde se dépêche et Maman crie qu’il n’y a pas de temps. Lorsqu’on n’a pas d’air, comme lorsqu’on fait une compétition de plongée dans la baignoire, on étouffe. Et encore un exemple qui illustre le rapport entre l’un et l’autre, c’est que quand on n’a pas de temps, on commence à se dépêcher et à courir pour rattraper le temps perdu, mais du coup, on s’essouffle et en fin de compte, on finit par arriver à l’heure, mais à bout de souffle.

Il n’y a rien de plus reposant…à court terme que de courir après le temps et l’urgence. En effet, cela nous évite de prioriser nos activités et par là-même d’être clair sur nos objectifs. Imaginez que nous le soyons : non seulement nous devrions concentrer sur ce qui est important (mais pas forcément plaisant pour nous), mais en plus, nous devrions accepter de renoncer de plein gré à faire plein de choses.

 L’urgence répond à notre besoin profond : vouloir tout faire, satisfaire tout le monde et prouver (à nous-mêmes et aux autres) que nous sommes réactifs. Bien sûr, nous aurons répondu à dix mille demandes variées, lu tous nos mails et… omis de faire l’essentiel (à savoir nos tâches de fond), mais qu’importe : la peur de se tromper (en ratant LE mail qu’il fallait avoir lu) et celle du jugement  (« on ne peut pas compter sur vous », « comment ? Vous n’êtes pas au courant ? ») suffisent à nous dissuader à nous poser les bonnes questions.

Et puis, il est de bon ton de courir… comme les autres. Dites à votre entourage que vous savez prendre du recul et  triez vos priorités et vous serez silencieusement qualifié de pantouflard et d’apathique. Sales maladies !

Remarquez, rien de tel que l’été pour y repenser : est-ce que, durant les mois passés,  nous avons été plus loin en courant ou cela cache-t-il la peur du vide ou de l’ennui ?

Peut-être, d’ailleurs, que vos activités durant les vacances ne vous laisseront pas le loisir (ou vous éviteront) de vous poser de telles questions.