décembre 2013

L’ambition est-elle une valeur saine ?

Le film de la semaine : « le loup de Wall Street », le film qui raconte la montée et la chute de Jordan Belfort. Un beau film, intéressant à voir tant sur le plan de la performance des acteurs que des leçons à en tirer.

Sur ce sujet, arrêtons-nous aujourd’hui à la différence entre ambition et cupidité. Dans une interview à la chaine de télévision ABC*(USA), Jordan Belfort déclare :

« Il y a une ligne très fine entre l’ambition et la cupidité.  Vous avez le droit d’être ambitieux pour sortir du lot et  vouloir faire beaucoup d’argent, c’est le cœur du capitalisme, c’est le cœur de la réussite.
Mais cette ambition peut se transformer en cupidité si vos actions visent juste à gagner autant que vous le pouvez, aussi vite que vous le pouvez sans vous soucier de savoir qui est touché et des conséquences pour les autres. Le cupide pense : moi, moi, maintenant, maintenant, maintenant, maintenant.  

J’ai souffert d’une maladie appelée «plus». Peu importe combien j’ai eu, je voulais plus. 

Vous ne perdez pas votre sens moral d’un seul coup. Cela arrive très lentement et presque imperceptiblement.  Vous savez que vous devez bien faire les choses et un jour vous marchez sur la ligne.

La journaliste : est-ce que l’odeur de l’argent ne va pas continuer à inciter les gens à en vouloir toujours plus ?

La réponse à cette question est oui et non. Je pense qu’il doit y avoir un équilibre et je pense que cela est lié à l’attitude des patrons. S’ils font de l’argent basé sur du réel et inculquent les bonnes valeurs à leurs employés, ils méritent de gagner autant qu’ils le veulent. L’exemple doit donc venir d’en haut. Si la culture de l’entreprise est tournée vers la cupidité,  alors tout le monde dans l’entreprise finit par devenir gourmand. Si par contre, l’ambition est tempérée par une quantité appropriée de conscience  sociale, la culture interne de l’entreprise prend une tournure différente. »  

Et vous ? Quelles sont vos valeurs ? Et celles de votre encadrement ? Connaissez-vous les critères qui, dans votre activité, séparent ambition et cupidité ?

Bon réveillon !

*http://www.abc.net.au/sundayprofile/stories/2662078.htm

La curiosité est-elle un vilain défaut ?

Dans son livre « Du côté de Castle Rock », Alice Munro (Canadienne, prix Nobel de littérature 2013) raconte les pérégrinations de sa famille venue au XIXème siècle de l’Ecosse au canada et son enfance à la campagne. Aujourd’hui, mariée à un géographe, elle s’intéresse à l’histoire de son environnement, ce qui les conduit (elle et son époux) à interroger des habitants d’un endroit donné pour comprendre telle ou telle situation.

Elles n’ont pas l’air de trouver bizarre que des gens souhaitent s’instruire au sujet de choses qui ne leur seront d’aucun bénéfice particulier et n’ont pour eux aucune importance pratique. Elles ne laissent pas entendre qu’on leur fait perdre du temps parce qu’elles ont d’autres préoccupations. C’est-à-dire des préoccupations réelles. Un travail réel.
Pendant mon adolescence, l’appétit pour des connaissances dénuées de caractère pratique quelles qu’elles soient n’était pas encouragé […] Il était nécessaire d’apprendre à lire mais pas le moins du monde désirable de finir le nez dans un bouquin. S’il fallait bien apprendre l’histoire et les langues étrangères pour sortir diplômé de l’école, il était tout naturel d’oublier ce genre de choses le plus vite possible. Autrement on se faisait remarquer (en italiques dans le texte). Et ce n’était pas une bonne idée.

Ce texte m’interpelle sur trois niveaux :

Le premier est à titre personnel : sommes-nous, chacun d’entre nous, curieux et avons-nous des sujets de curiosité hors de toutes préoccupations familiales ou professionnelles ? En bref, nous accordons-nous le droit à vagabonder librement par moments ?
Le deuxième est à titre social : comment notre famille (au sens large) et/ ou nos amis, relations… voient-ils cette curiosité ? Nous envient-ils ou nous disent-ils (directement ou non) : « il ferait mieux de… ». Est-ce que cela a évolué dans le temps ?
Le troisième niveau est à titre professionnel : vous accorde-t-on le droit de vagabonder (à l’instar de Google qui encourage ses salariés, pour 10 à 20% de leur temps, à faire leur propres recherches) ou bien est-ce la loi du rendement à court terme ?
Si, globalement, j’observe que les choses ont bien évolué sur les plans personnel et social, je note une régression sur le plan professionnel avec des contraintes de temps et de charges de travail de plus en plus fortes. Résultat : le travail est fait de manière mécanique (et sans valeur ajoutée) et l’implication diminue.

Avons-nous fait le meilleur choix ?

Faites payer le pinceau !


Connaissez-vous Lippi ?  Né à l’époque de Donatello et de Botticelli (qui fut son élève), Lippi fut un grand peintre à son époque. Savez-vous qu’il fut un remarquable gestionnaire de ses talents ?

Tous les artistes de Toscane, de Rome, de Sienne lui doivent une éternelle reconnaissance. Tout ce qui, un jour, s’honore ou s’honorera du nom d’artiste le lui doit et le lui devra. Grâce à Lippi, les peintres ont acquis de « faire payer le pinceau ». Faire payer le rêve ! L’imaginaire ! L’inquantifiable ! Facturer le talent en plus du travail !

« A moi, tu me donnes juste de quoi ne pas mourir de faim. Et encore, si j’ai peu d’appétit, mais mon pinceau ! Avec quoi crois-tu que je le nourris ? Avec des rêves de ventre bien rempli ! Les ventres qui crient famine ne rêvent que de poulets rôtis ! Et tu veux des Madones, pas des saucisses ! Dis-le à mon pinceau ! Lui ne comprend que le langage des florins ! ».

Lâchée un jour de colère, l’expression est restée : « faire payer le pinceau ». ! Lippi transforme l’humble artisan, mal payé, souvent à la tâche, en artiste rétribué pour son don. On gagne mieux sa vie quand le rêve est inclus dans le devis.

Et vous ? Etes-vous payé à la tâche ou savez-vous vendre votre créativité, votre originalité ?

Acceptez votre vulnerabilité

Pourquoi refusons-nous les critiques ? Pourquoi avons-nous du mal à nous faire entendre des autres ? Pourquoi ne sommes-nous pas aimés et acceptés comme nous voudrions l’être ? Pourquoi voulons-nous être en contrôle de tout, de nous, de notre image, de notre environnement ? Pourquoi sommes-nous la génération qui consomme le plus de médicaments et d’alcool ? Pourquoi recherchons-nous aujourd’hui en politique comme en religion plus de certitudes ?

Dans une démonstration pleine d’humour, Brene Brown, une chercheuse-conteuse américaine en Sciences sociales nous fait part de sa conclusion : nous n’avons pas le courage de nous aimer tels que nous sommes et nous refusons, cachons, nions nos imperfections. Et pourtant, ceux qui sont les plus heureux, ce sont ceux qui s’acceptent tels qu’ils sont.

 

Cela n’est pas nouveau (en France, des psychiatres comme Christophe André ont développé des approches similaires.), mais c’est bon de l’entendre dire d’une manière spirituelle, enjouée et profondément humaine.

Merci à Andréa Goulet (ICF) pour avoir attiré mon attention sur cette vidéo.