mai 2014

Marchez et vous trouverez !

Ce n’est pas forcément en restant assis à votre bureau que vous trouverez les solutions à vos problèmes ; après tout, Archimède dans sa baignoire et Newton sous son pommier ont montré le chemin.

Le très sérieux « Journal of Experimental Psychology » vient de publier une étude réalisée par  l’Université de Santa Clara (USA).

Le Pr Marily Oppezzo, de l’Université de Santa Clara (Californie) voulait également comprendre, avec cette étude, pourquoi beaucoup de gens rapportent qu’ils réfléchissent mieux lorsqu’ils marchent.

L’étude qui a suivi 176 participants, principalement étudiants, constate que ceux qui marchent au lieu de rester assis apportent des réponses plus créatives à des tests couramment utilisés pour mesurer la créativité.

  • Sur 4 tests de créativité, 80 à 100%  des participants font montre d’idées plus créatives lorsqu’ils « sont en marche » que ceux qui sont assis ;
  • Dans une autre expérience où chaque participant était soit assis soit en train de marcher sur tapis roulant,  les participants « marcheurs » donnent un plus grand nombre de réponses;
  • Dans une troisième étude,  il a été démontré que marcher avant une réunion qui exige des idées innovantes, peut-être presque aussi utile que marcher pendant la réunion.
  • Enfin, une dernière expérience   montre que marcher stimule la créativité, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur.

Plus de recherches sont nécessaires pour comprendre et expliquer comment la marche peut améliorer la créativité, mais comme le montre la dernière expérience, c’est vraiment le fait de marcher et non une stimulation sensorielle liée à l’environnement qui est associé à une créativité augmentée. Il existe probablement, écrivent les auteurs, une voie complexe qui part de l’acte physique de la marche et entraîne des changements physiologiques qui impactent le contrôle cognitif de l’imagination.

C’est en tous cas une nouvelle démonstration des bénéfices de l’activité physique pour la santé cognitive, car demander à quelqu’un de faire un petit jogging de 30 mn pour booster sa créativité au travail serait malvenu pour beaucoup de personnes.

Pourquoi votre direction repense-t-elle les espaces de bureaux ?

Pourquoi une direction générale souhaiterait déménager et / ou repenser les espaces de travail ?

Selon notre enquête, les raisons en sont multiples et variées. Elles s’articulent autour de quatre types de besoin, ci-dessous présentés sans ordre de priorité :

  1.  un besoin économique : baisser les coûts et rationaliser l’espace
  2. un besoin fonctionnel : restructurer, mettre en place une synergie, rapprocher les collaborateurs
  3. les besoins environnementaux, dans le cadre de la RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise)
  4. un besoin de promouvoir l’image de l’entreprise, en interne comme à l’externe

Le besoin économique

La première est tout d’abord d’ordre économique. Le coût de l’immobilier est en général le 2ème poste de coût d’une entreprise, juste derrière les salaires (Il peut parfois être dépassé par le poste informatique). ».  Il s’apprécie facilement en regardant les charges du compte de résultat (location) ou les immobilisations (achat).

Dans une période où les marges sont laminées, c’est un poste d’économie non négligeable. Cela a plusieurs conséquences : la première, à localisation identique,  est celle d’avoir tendance à réduire l’espace par personne, voire à reconfigurer les locaux avec des plateaux plutôt que des bureaux partagés.

Quelle est la réalité ? Extraits d’un tract syndical : « La direction continue à soutenir que le nombre de m² par espace de travail est de 11m² / collaborateur alors que ce calcul englobe des espaces communs non directement utiles. Les calculs du CHSCT font valoir, pour leur part, un espace de 7 m², nettement en deçà des recommandations d’espace nécessaire à des populations faisant un usage important du téléphone. »

La deuxième tendance est de déménager vers des lieux moins onéreux, avec le risque de susciter des mécontentements. La réduction des coûts immobiliers est citée comme première raison d’un transfert par 44% des dirigeants interrogés dans l’étude AOS-FDR.

Ce gain apparent ne doit pas faire oublier les coûts cachés associés (liaisons de transports privés, absentéisme, moindre présence au bureau, …)

Il y a donc une balance à faire entre les gains apparents et les coûts cachés

Le besoin fonctionnel : restructurer, mettre en place une synergie, rapprocher les collaborateurs

La recherche permanente de l’optimum dans un environnement où les réorganisations sont courantes font que les dirigeants cherchent à la fois à favoriser la circulation de l’information,  le travail d’équipe et à  limiter les déplacements, … et en même temps à pouvoir déplacer les équipes facilement au gré des changements d’organigramme.

 Il peut avoir pour but aussi de favoriser bon gré, mal gré de nouvelles formes d’organisation : les circonstances les plus courantes restent très liées à la croissance, à la décroissance ou à la transformation de l’activité de l’entreprise, imposant sa restructuration.

Toutefois, le gain de productivité réel est souvent difficile à apprécier. Il peut se mesurer aussi bien par un chiffre d’affaires par salarié que par un nombre de dossiers (ou d’appels) traités. Cette culture productiviste a une limite : la réussite de nombre de projets est plus souvent le fruit d’un travail d’équipe associé à des facteurs non exogènes.   

 La suite de l’étude (et plus de détails sur ces deux points) dans notre livre cité ci-dessus   

Le courage selon Jean Jaurès

En 1903, à Albi, Jean Jaurès prononça un discours resté célèbre devant les lycéens d’Albi. Ce texte garde aujourd’hui toute sa force, tant sur le plan républicain que sur le plan professionnel. En voici un extrait où j’ai remplacé les références à la république par l’envie de progresser et de monter en compétences (en italiques dans le texte).      

Mesdames, Messieurs, Jeunes élèves,

Il y a vingt-deux ans, je prononçais ici un discours sur le thème : les jugements humains. Ce qui reste vrai, à travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c’est qu’il faut faire un large crédit à la nature humaine.

L’histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir.

Dans notre France moderne, qu’est-ce donc que vouloir développer son professionnalisme ? C’est un grand acte de confiance. Et si votre parcours se vit dans un monde turbulent, c’est assurer que vous vous adapterez sans rien abandonner de votre fierté juste et sans atténuer l’éclat de son principe.

Les hommes qui vous ont précédés et formés en avaient conscience. Et pourtant que de vicissitudes et d’épreuves avant que votre professionnalisme soit reconnu et récompensé.

Une telle action de montée en compétences réussit parce qu’elle est ambitieuse, et l’homme ne peut s’élever sans avoir aussi une ambition. Ceux qui, depuis un siècle, ont mis très haut leur idéal ont été justifiés par l’histoire.

Qu’on ne nous accuse point d’abaisser et d’énerver les courages. Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication. Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action. Le courage dans le désordre infini de la vie qui nous sollicite de toutes parts, c’est de choisir un métier et de le bien faire, quel qu’il soit ; c’est de ne pas se rebuter du détail minutieux ou monotone ; c’est de devenir, autant que l’on peut, un technicien accompli. Le courage, c’est d’être tout ensemble, et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe. Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. Le courage, c’est de surveiller exactement sa machine à filer ou à tisser, pour qu’aucun fil ne se casse, et de préparer cependant un ordre social plus vaste et plus fraternel où la machine sera la servante commune des travailleurs libérés. Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin. Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense. Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

 

Vive Jaurès !

Le texte original et complet  du discours de Jean Jaurès : http://www.lours.org/default.asp?pid=100

L’art de poser de bonnes questions

 

Comment donner à votre entourage l’envie de réussir, de mener à bien des actions audacieuses ?

La majorité d’entre nous ont tendance à distiller, consciemment ou  non, de la peur comme carburant pour l’action chez leurs collaborateurs, tout en pensant insuffler du positif.  Cette peur ou cette pression négative peut être notre adrénaline, nous aiguiser, et nous faire réaliser des exploits. Elle peut être aussi un facteur de paralysie.

Comment éviter d’insuffler cette peur ? Par notre manière de poser des questions.

Exercice : demandez à un de vos collègues / collaborateurs de débattre avec vous de son problème le plus pressant et utilisez pour cela les questions suivantes :

  • Quel est le problème ?
  • Quelles sont les causes profondes ?
  • Qui est à blâmer ?
  • Qu’avez-vous essayé qui n’a pas fonctionné ?
  • Pourquoi n’avez-vous pas été en mesure de résoudre le problème encore ?

Puis recommencez la discussion, en utilisant à la place ces questions:

  • Que souhaitez-vous faire ?
  • Pouvez-vous rappeler un moment où, dans une situation pareille,  vous avez réussi, même en partie ? Qu’est-ce qui l’a rendu possible ?
  • Quel est le minimum que vous pourriez faire et qui pourrait réaliser et qui pourrait faire une  grande différence ?
  • Qu’avez-vous retenu de notre discussion de ce jour ?

Laissez passer cinq minutes et échangez avec votre collègue sur ce que vous et lui avez ressenti dans chacune des discussions.

En général, la différence perçue est tangible. La première série de questions, idéales pour résoudre les problèmes techniques, entraîne souvent des réactions défensives et laisse les participants sur la défensive. En revanche, les participants disent se sentir interpellé et motivé à agir.

Pourquoi utilisons-nous alors la première série de questions ? Elles fonctionnent bien pour des questions techniques simples. Mais si nous sommes dans des échanges complexes orientés solutions, la deuxième série de questions évite la peur et la justification.

 

A quel âge devient-on vieux ?

Une première  étude réalisée par des scientifiques de l’université Simon Fraser (Canada) révèle que nos performances cognitives sont leur maximum à… 24 ans. Pour en arriver à ces résultats, ils ont examiné la performance de 3,305 joueurs du jeu vidéo StarCraft 2, âgés de 16 à 44 ans.

 Ce jeu de guerre en temps réel demande, selon leurs dires (je n’y joue pas), une grande capacité de concentration, d’habilité, de stratégie et de vitesse. Les scientifiques ont donc analysé les performances, ainsi que les mouvements stratégiques et le temps de réaction de chaque joueur.

Verdict : ça décline donc après 24 ans. Pas de panique, à partir de cet âge-là, d’autres facultés sont développées.

 Et après ? D’autres facultés sont développées.  En effet, les chercheurs ont expliqué qu’avec l’expérience acquise, les joueurs plus âgés sont plus aptes à anticiper les tâches à venir et à éliminer les informations superflues.  

 Conclusion : le cerveau fonctionne plus lentement et de façon moins efficace après 24 ans, mais vos expériences vous permettent de mieux appréhender votre environnement et le monde dans lequel vous évoluez.

En parallèle, une autre étude, britannique celle-ci, a établi que nos habitudes quotidiennes nous font basculer dans « le camp des vieux » à partir de 38 ans. Les sondeurs qui se sont appuyés sur les témoignages de 2.000 hommes et femmes en couple ont ainsi décelé 30 signes avant-coureurs qui prouvent que vous avez vieilli. En voici quelques exemples :

  • Pour vous, toutes les musiques actuelles sonnent pareil ;
  • Vous ne comprenez rien à ce que disent les jeunes;
  • Vous avez votre place attitrée à table ou devant la télévision ;
  • Vous dansez mal et avez une préférence pour l’Air Guitar ;
  • Vous faites des blagues mais elles n’amusent que vous ;
  • Vous faites attention au thermostat de la maison, « en bon père de famille » ;
  • Vous aimez vous occuper du jardin le week-end.

 En résumé, après 24 ans votre expérience pourra masquer les signes de l’âge, mais passé le cap des 38 ans, vos habitudes ne tromperont plus personne !

 Est-ce transposable dans le monde professionnel ?   Quelques observations :

  • Il y a des métiers rapides (et usant) qui demandent beaucoup de réactivité et de rapidité de décision (comme trader, par exemple) et d’autres, plus de réflexion et de recul (comme le management).
  • Il y a des métiers de « combat » qui nécessite de l’énergie (vendeur « one shot ») et d’autres plus de relation de confiance et d’expérience (conseil)
  • Il y a des tempéraments qui, à tout âge, seront engagés dans des courses à la performance et d’autres, dans des tâches de fond. Le lièvre et la tortue, en somme.
  • ….

L’important (pour moi) à retenir de ces études anecdotiques est :

  • Vous êtes faits pour certains métiers et certains environnements
  • Cela se modifie dans le temps en fonction de votre âge, de vos centres d’intérêts et de votre environnement.
  • Il vous faut donc d’une part ne pas confondre les métiers qui vous plaisent (image, gain escompté…) et ceux qui sont adaptés à vous, et, d’autre part, savoir vous remettre en cause régulièrement (tous les 5 ans environ). Pourquoi ? Parce que l’évolution de votre pratique professionnelle peut vous conduire vers des voies inappropriées pour vous.

 Moralités :

  • Il n’y a pas honte à être vieux (après tout, un jeune de 20 ans est vieux pour son petite frère de 10 ans son cadet) ;
  • Quelqu’un a dit un jour : « On est vieux quand on n’a plus de projets » ; j’ai croisé des jeunes « vieux » de 25 ans et des vieux « jeunes », plein d’allant et d’enthousiasme de 76 ans.