Carrière : le temps passé au travail est-il la seule mesure possible de votre efficacité ?

En 2010, trois chercheurs de l’Université de Californie, firent une étude auprès de 39 managers sur leur perception de leurs collaborateurs (source : http://hum.sagepub.com/content/63/6/735). Ces responsables percevaient ceux qui étaient présents le plus longtemps comme sérieux et sûrs. Ceux qui restaient tard le soir ou même travaillaient le week-end étaient vus comme engagés et dévoués.

Deux exemples de verbatim :

  • « Regardez ce gars, il participe à toutes les réunions auxquelles il est invité. Il ne dit pas grand-chose, mais il écoute avec un air sérieux. Il est perçu comme un grand travailleur digne de confiance. »
  • « Travailler le week-end donne un signe que vous êtes engagés dans votre équipe et que vous faites le maximum pour que le travail soit fait ».

Cela vous rappelle-t-il votre culture d’entreprise ?

Pour ma part, il s’agit d’un héritage de l’ère industrielle où le temps passé en chaîne se traduisait par une augmentation de la production. Et aujourd’hui, dans un monde de services où les échanges se font majoritairement via les réseaux d’ordinateurs ? Les gens restent souvent tard (notamment en France), quitte à passer leur temps à traiter leurs mails perso ou surfer sur les réseaux sociaux (entre autres).

Nous avons gardé la même mesure de calcul (le temps de présence au bureau) sans changer notre outil de mesure. Et si nous mesurions non plus le temps passé mais le résultat (ou la créativité) produit(e) ?

De nombreuses entreprises (avocats, expertise-comptables, SSII) facturent du temps passé. Cela permet une juste allocation des coûts mais ne favorise guère la créativité et l’optimisation du temps. Cela me rappelle d’un travail temporaire que j’ai fait quand j’étais étudiant. J’avais un certain nombre de dossiers à traiter par jour (le même nombre que les autres employés permanents). Plein de zèle, je les traitais en trois heures quand eux y passaient la journée. Cela a failli provoquer mon renvoi parce que je « brisais » les cadences et allais attirer l’attention du top management sur la faible productivité. Même le responsable du service qui voulait la paix sociale était contre moi. Finalement, on trouva un compromis : je traitais ma pile de dossier en une journée quitte à faire de longues pauses.

Au final, il est souvent possible de mesurer le résultat ou la créativité des gens plutôt que le temps, mais sommes-nous prêts aux changements associés ? Pas si sûr, parce que la productivité accrue devient la nouvelle norme et les récompenses ne sont plus obtenues qu’avec l’amélioration encore de ces normes. Bref, une course sans fin à la productivité…