Comment apprécier la charge de travail ?

Blog semaine 36 charge de travail 170829Il y a deux ans le rapport Mettling sur l’impact du numerique dans le code du travail conseillait « d’intégrer par le dialogue social une mesure de la charge de travail plus adaptée que celle du temps de travail », en faisant de cette question « un préalable indispensable pour pouvoir étendre les cas d’usage du forfait jours de façon raisonnable ».

Or, sur le sujet de la charge de travail, les entreprises tâtonnent. En effet, la notion de charge de travail est pour partie subjective.

Gare aux outils de contrôle intrusifs : présence de logiciel appelé « keylogger » (en français « détecteur de touches »), caméra, système de badge parce que ce type de contrôle met à mal l’autonomie supposée des cadres en forfait jour. L’entreprise prend alors le risque d’entraver le travail de ses équipes. De plus, l’irruption du numérique rend les frontières entre vie pro et vie privée de plus en plus poreuses.

Des études sont en cours. Parmi les facteurs évalués, figurent, par exemple, les contraintes temporelles. Le travail est-il réalisé dans l’urgence ou a-t-il été anticipé, dépend-il de la contribution d’un tiers, interne ou externe ?

D’autres approches mettent l’accent sur les exigences cognitives des tâches. Les tâches sont-elles interrompues régulièrement ?

Une autre méthode : traquer les « irritants », c’est-à-dire les contraintes survenant dans le travail pour les résoudre: par exemple, la lourdeur des process informatiques pour valider des mots de passe.

Autre initiative : celle menée par l’Anact. L’agence fait la distinction entre la charge de travail prescrite, c’est-à-dire théorique, la charge de travail réelle qui résulte des moyens mis à la disposition du salarié pour atteindre les objectifs fixés et la charge subjective, celle qui est vécue.

L’objectif est de confronter les perceptions, entre salariés et managers. Quels sont les moyens mis à la disposition du collaborateur ? L’ordre des priorités ? Ses marges de manœuvre ? D’où la nécessité de mettre en place des groupes de discussion sur le sujet pour mieux réguler le débat.  »

La question de la charge de travail pose enfin la question de l’organisation du travail, Car cette mesure ne doit pas être un carcan. Elle ne peut pas être réglée au niveau de l’individu. En clair : elle doit être appréhendée collectivement.

Reste donc à choisir la bonne mesure.

Il est évident qu’un cadre qui travaille beaucoup trop peut entrainer de nombreuses conséquences et la première réside dans la santé même. En effet, la fatigue est la première cause d’un éventuel burn-out !
C’est à ce stade que l’obligation de vigilance de l’employeur doit apparaitre. En effet, il se doit de prévoir des mesures de prévention.
Dans un premier temps, l’employeur doit vérifier les temps de repos de ses collaborateurs. Ensuite, il convient de faire des points réguliers.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le droit à la déconnexion est entré en vigueur en janvier 2017.

La Cour de cassation admet la faute inexcusable d’un employeur qui ne prend pas la mesure du risque pour l’un de ses salariés victimes d’un accident de travail. En outre, une convention individuelle de forfait-jour peut être privée d’effet si l’employeur n’a pas organisé un suivi régulier de la charge de travail garantissant que l’amplitude et la charge de travail restaient raisonnables.

Pas simple ! C’est comme pour le stress : la justification de prévention est-elle suffisante ?

Source : http://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/droit-travail/rapport-mettling-le-numerique-au-menu-de-la-reforme-du-code-du-travail_1715928.html