Gardez vous de (perdre l’envie de) rire (2/2)

Rire, cela fait du bien. On peut rire d’une situation, de soi ou en groupe. Mais le rire (ou du moins les blagues qui incite à) a ses limites.

La blague qui blesse

Le maniement de l’humour est délicat. Parfois il est à double tranchant. Il reste une question de contexte, d’appréciation, selon, par exemple, que l’on fait une farce à un collègue ou à un client. Intervient aussi la culture d’entreprise (dans une agence de pub, il peut y avoir davantage de liberté que dans un cabinet d’avocats.) et d’âge moyen : un service avec de nombreux jeunes a une autre approche qu’un groupe de personnes matures (ce ne sont pas les mêmes histoires, ni le même ton).

La perception du chef direct

Pour certains managers (et ce n’est pas seulement une question d’âge), l’humour en interne et surtout vis-à-vis de l’extérieur, peut être perçu comme nuisant à l’image de respectabilité de l’entreprise. Même si les limites sont respectées, la crainte du chef engendre de l’auto-censure, quitte à faire que les blagues se fassent au détriment du responsable. L’anthropologue Anne Both parle « d’ambivalence » des directions, car le rire participe à la bonne humeur, mais a une dimension ludique qui peut donner l’impression d’oisiveté. Pis, selon la chercheuse, « l’humour peut octroyer à des personnes un capital de sympathie qui échappe à la hiérarchie, et qui peut finir par ostraciser le plaisantin ». Il est intéressant, pour comprendre la culture d’une entreprise, de regarder les panneaux d’affichage dans les services et les documents accrochés au dessus des bureaux. Ils témoignent souvent de la liberté accordée.

Le dérapage est toujours possible

Même animés d’intentions innocentes, les blagueurs peuvent se trouver face à une situation qui dérape. Les histoires sur les belges, les blondes, … peuvent très vite être perçues ou interprétées comme des histoires « racistes ». Nous rencontrons tous les jours des blondes qui nous disent : « ce n’est pas parce que je suis blonde que… » Derrière l’apparente bonhomie des propos, il y a souvent un malaise. Le danger c’est qu’une fois qu’une étiquette est collée à une personne, elle est dure à enlever.

Une citation pour terminer : Faire rire autrui n’est pas un art difficile tant qu’il est indifférent de faire rire pour son esprit, ou bien faire rire de soi. (Georg Christoph Lichtenberg)