L’entreprise, paquebot ou sardine (2/3)

Rappel : il s’agit des extraits d’une conférence tenue chez IBM. Après l’analyse des changements de ces vingt dernières années, comment les managers ont-ils vu évoluer leur mode de management ?

Autrefois, le manager recevait à 17h. les consignes pour le lendemain. Aujourd’hui comme lieutenant d’une unité de commando, il se débrouille.

Cela veut dire aussi développer son charisme, trouver les bonnes idées et les bons projets pour son équipe. L’approche devient bottom up. Facile à dire, plus difficile à faire, surtout quand le management supérieur a gardé ses bonnes habitudes de management pyramidal.

Cette première ligne de management joue un rôle clef. Elle a pour mission de rendre les collaborateurs top, performants et motivés, qualités dont bénéficient nombre de free lances, chargés souvent de motiver ces mêmes collaborateurs. Pas étonnant que le périmètre de l’entreprise s’agrandisse et que ces derniers (les free lances) se voient confiés de plus en plus de missions de l’entreprise. Ainsi l’entreprise inclut les sous-traitants, les partenaires , les intérimaires et les conseils, ainsi que les indépendants.

Cette tension permanente, style commando, a aussi ses contreparties (la montée du stress) et ses excès. C’est par exemple la montée de l’effort absurde (l’image de Renault et de l’effort sacrificiel). Les chinois disent : inutile de tirer sur la pousse de maïs pour la faire grandir. Dans ce contexte, de nombreux intervenants estimaient d’autres cultures plus calmes (mais pas nécessairement moins efficaces).

De même, on pouvait autrefois former les gens pendant un an. Aujourd’hui l’attention est à plus court terme et le manager doit prêter attention aux signaux faibles pour se remettre en question. Mais se sent-il réellement aidé et soutenu ou bien laissé à lui-même ?

Le paradoxe est que les professionnels sont fidèles à leur profession, l’entreprise ne faisant qu’à les employer. Les professionnels ont des loyautés et fidélités successives.

Cela veut dire que l’entreprise, pour fidéliser et motiver ses collaborateurs et ses managers, doit proposer des projets avec des moyens, objectifs et suivi à plus court terme.

Est ce le retour à la bonne vieille DPO (Direction Par Objectifs) des années 80. Oui et non. Oui, parce que les entretiens d’évaluation se sont développés et que les objectifs à court terme sont écrits noir sur blanc. Non, parce que l’urgent prédomine et que les objectifs non écrits sont presque plus importants que les objectifs officiels. Comme le disait un des managers : « les objectifs officiels sont prévus pour être atteints. occupez-vous surtout des autres ». Sans commentaire.

Et comment réagit la nouvelle génération ? Nous en parlerons dans un prochain billet