La curiosité n’est pas un vilain défaut

En 2000, quand Greg Dyke fut nommé directeur général de la BBC, avant de prendre ses fonctions, il passa cinq mois à visiter les principaux sites de la BBC, rassemblant le personnel à chaque arrêt. Les employés s’attendaient à un longue discours, mais ils entendirent à chaque fois ceci : « Quelle est la seule chose que je devrais faire pour améliorer les choses pour vous? »

Dyke écouta attentivement et demanda : « Quelle est la seule chose que je devrais faire pour améliorer les choses pour nos téléspectateurs et auditeurs ? »

Les employés de la BBC respectèrent leur nouveau patron pour avoir pris le temps de poser des questions et d’écouter. Dyke se servit de leurs réponses pour éclairer sa réflexion sur les changements nécessaires pour résoudre les problèmes auxquels la BBC était confrontée et pour identifier sur quoi il doit travailler en premier. Après avoir pris officiellement les rênes, il prononça un discours devant le personnel qui reflétait ce qu’il avait appris et montra aux employés qu’il avait été vraiment intéressé par ce qu’ils avaient dit.

En posant des questions et en écoutant réellement les réponses, Dyke a modélisé l’importance de ces comportements. Il a également souligné le fait que lorsque nous explorons un nouveau terrain, l’écoute est aussi importante que la parole : Il nous aide à combler les lacunes dans nos connaissances et à identifier d’autres questions à étudier.

Cela peut sembler intuitif, mais les recherches montrent que nous préférons souvent parler plutôt qu’écouter avec curiosité. Par exemple, lorsque l’auteur de l’article a demandé à quelques 230 dirigeants de haut niveau ce qu’ils feraient s’ils étaient confrontés à une crise organisationnelle découlant à la fois de problèmes financiers et culturels, la plupart d’entre eux ont répondu qu’ils prendraient des mesures pour mettre fin au saignement financier et lancer des initiatives pour rafraîchir la culture. Seuls quelques-uns dirent qu’ils poseraient d’abord des questions plutôt que de simplement imposer leurs idées aux autres.

Les livres de gestion encouragent souvent les leaders qui assument de nouveaux postes à communiquer leur vision dès le début plutôt que de demander aux employés comment ils peuvent être les plus utiles. C’est un mauvais conseil.

Pourquoi s’abstenons-nous de poser des questions ? Parce que nous craignons d’être jugés incompétents, indécis ou inintelligents. De plus, le temps est précieux et nous ne voulons pas déranger les gens. L’expérience et l’expertise exacerbent le problème : Lorsque les gens gravissent les échelons de l’organisation, ils pensent qu’ils ont moins à apprendre. Les leaders ont aussi tendance à croire qu’on s’attend à ce qu’ils parlent et fournissent des réponses, plutôt que de poser des questions.

Source : inspiré d’un article du Harvard Business Review sur la curiosité (https://hbr.org/2018/09/curiosity