Le burn out, c’est à la maison !

Burnout parentalSi les médias aujourd’hui parle beaucoup du burn out (et de sa passible reconnaissance comme maladie professionnelle », de nombreux livres abordent le sujet sous l’angle du burn out parental.

Sur Slate, Louise Tourret* analyse cette situation. Elle interviewe ainsi Moïra Mikolajczak qui a étudié le sujet et qui lui explique que ce burn-out parental atteint toutes les couches de la société et encore davantage les catégories diplômées : «Lors de notre étude, plus les parents qui avaient fait le plus d’années d’études plus ils étaient sujets au burn-out parental. Il est apparu qu’au niveau personnel, ce qui rendait les personnes vulnérables, c’est de vouloir être un parent parfait et d’être perfectionniste en général. »

Les conseils parentaux ne cessent de se contredire et c’est source de stress. Ces normes trop étroites pourrissent nos vies.

Selon Vincent de Gaulejac, sociologue, « Depuis les années 1980, tout passe par des objectifs, le plus souvent chiffrés, à réaliser en un temps donné. Les conséquences : maladies psychologiques ou sociales, épuisement professionnel ou… burn out. »

Une manière de penser qui s’est peu à peu imposée partout : « Cela fait trente ans que je travaille sur l’épuisement professionnel et je constate aujourd’hui que les normes managériales ont pénétrée la famille. C’est en vérité un modèle social qui s’impose dans toutes les sphères de la société : il faudrait être performant dans tous les domaines. C’est la nouvelle norme. »

Or, quelles sont les exigences attachées à la fonction de parent dans notre type de société en 2017 ? Ce n’est pas (plus) seulement de faire en sorte que son enfant soit en bonne santé grâce à une alimentation correcte, et un suivi médical régulier. Il faudrait en plus absolument qu’il/elle obtienne de bons résultats scolaires. Il ne faut pas seulement savoir lire à 6 ans, parler anglais en sixième, maîtriser un sport et savoir jouer d’un instrument, il faut en plus être épanoui… soi-même et il faut que l’enfant le soit.

Comment cela se traduit-il ? « Le mercredi devient le jour le plus horrible de la semaine. Mais pourquoi court-on autant sinon pour satisfaire une exigence sociale ? Et donc les parents deviennent comme ces employés soumis au management par objectif et à l’évaluation standardisés… il perdent le sens de leur éducation !»

 Surcharger son emploi du temps va dans le sens du perfectionnisme évoqué par Moïra Mikolajczak:

« Cette hyper activité est caractéristique des parents particulièrement conscients de l’importance de leur rôle. Par exemple ils veulent manger bio, suivre les devoirs de leurs enfants, que ces derniers aient des activités extra scolaires multiples, une langue vivante de plus après l’école. En pratique cela les fait courir à 2 ou 3 endroits différents par enfants en plus de l’école… Si vous voulez faire tout ça sans manger de plats tous préparés votre vie devient très compliquée à organiser. »

La comparaison famille / entreprise est même utilisée dans le discours managérial avec des formules qui font froid dans le dos : « La sphère familiale, parce qu’on y pratique intensément les relations, est un terrain privilégié pour exercer et développer des compétences qui s’avèrent de plus en plus incontournables dans le monde professionnel », affirment Claire Baritaud et Xavier Starkloff, dans un article consacré à leurs travaux. Vous n’aviez pas pensé à comparer vos enfants à des employés et la famille à une PME? Des managers le font pour vous.

Faire davantage avec moins de temps… c’est justement ce qui pose difficulté à nombre de salariés aujourd’hui, et c’est une cause bien identifiée de burn-out professionnel.

* Retrouvez l’intégralité de l’article (avec mention des livres cités) sur  http://www.slate.fr/story/134711/education-norme-burn-out