Le cercle du quatre-vingt-dix neuf

les voeux du Père Noël

C’était la fête dans le bureau d’Hercule Martin. Tous ses collaborateurs étaient présents pour fêter la nouvelle année avec comme invité surprise le Père Noël. « Je viens chaque année saluer mon vieil ami Hercule ; Il m’a dit que vous vouliez me rencontrer, alors me voilà » dit le Père Noël en saluant chaleureusement chacun.

« Eh, Père Noël, dans votre hotte, vous n’auriez pas des augmentations de salaire et des moyens pour mieux travailler ? » lui lançe, un peu amer, un des invités. Le Père Noël arrête d’un geste Hercule qui s’apprête à intervenir et, se tournant vers son interlocuteur, lançe à la cantonade : « Je souhaite aussi que vous restiez en dehors du cercle du quatre-vingt-dix-neuf ! ».

Devant les regards étonnés, il sourit et continue : «C’est l’histoire d’un Roi un peu triste qui ne supportait plus son valet, toujours heureux, toujours optimiste quand lui-même était souvent morose. Il consulta son conseiller. Celui-ci lui suggéra de faire entrer ce valet dans le cercle du quatre-vingt-dix-neuf. Le Roi ne comprit pas, mais lui fit confiance. Le conseiller fit déposer une bourse avec 99 pièces d’or à la porte de la maison du valet. En se levant le matin, ce dernier trouva la bourse, regarda autour de lui si quelqu’un le voyait et rentra dans sa maison avec la bourse.

Il ouvrit la bourse et une pluie de pièces d’or comme il n’en avait jamais vu tomba sur la table. Il mit les pièces en pile et les compta, une fois, deux fois, trois fois… , mais rien à faire : il en trouvait toujours 99 ! C’était une très grosse somme, de quoi le rendre riche et pouvoir mener une vie tranquille. Mais pour lui, 99 n’était pas un vrai nombre. 100, oui. Il chercha cette pièce qui manquait partout dans la pièce, devant la maison et à la fin, se lamenta sur sa disparition. Il était entré dans le cercle du quatre-vingt-dix-neuf !

Il se dit qu’il ne serait pas heureux s’il n’avait pas cette 100ème pièce. Il fit alors des plans et des calculs. Gagner une nouvelle pièce représentait pour lui l’équivalant d’un an de salaire. Il décida de trouver un 2ème emploi à la fin de son service, de rogner sur ses dépenses tant alimentaires que vestimentaires … et d’obtenir, grâce à ses efforts, cette pièce.

Il fit comme il avait décidé, devint méfiant et suspicieux, fatigué et irritable et, à ce rythme, perdit son entrain et sa bonne humeur. Avant même le terme de sa quête, il perdit son emploi auprès du Roi et passa le reste de sa vie à se morfondre en pensant à la pièce qui lui manquait… tout en étant assis sur son tas d’or. Vous avez peut-être appris, continua le Père Noël, que le bonheur viendra lorsque vous aurez obtenu ce qui vous manque et comme il vous manque toujours quelque chose, vous ne pouvez profiter pleinement aujourd’hui de ce que vous avez. Imaginez que vous sortiez de ce piège de la dernière pièce : combien seriez-vous plus heureux !

Attention, ajouta-t-il en clignant de l’œil vers celui qui l’avait apostrophé, reconnaître quatre-vingt-dix-neuf comme un trésor ne veut pas dire ne pas avoir d’objectifs ou se contenter du présent. Accepter est une chose, se résigner en est une autre ».

« Et maintenant, place au champagne » lançe Hercule pour rebondir « Bonne année à tous ! A nos objectifs ! A vos objectifs ! ».