Le CPF va-t-il « nous tuer » ?

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De quoi s’agit-il ? De la mise en place de la réforme sur la formation. Votée au printemps 2014, elle a été mise en place dès janvier 2015. L’accouchement se continue à date dans la douleur, entre impréparation, confusion et retard.

Résultat : « 25 000 demandes* de formation bloquées, seuls 600 dossiers** de CPF ont été acceptés depuis janvier 2015 ! En comparaison, le DIF, prédécesseur du CPF, représentait près de 60.000 départs en formation par mois, alors qu’il a été abandonné pour sa soi-disant faible utilisation! » (Source : billet de Luc Teyssier d’Orfeuil sur le site http://www.huffingtonpost.fr/)

 Ce lancement confus conduit à un grand attentisme des décideurs, qui mettent en ainsi les personnes qui ont besoin de se former dans l’inconnu.

Le site Formaguide reprend ce thème dans sa newsletter du 2 juin : « Les chiffres le montrent, ce nouveau dispositif ne prend pas. En cinq mois, un peu moins de deux millions de comptes personnels de formation ont été ouverts et on ne compte qu’un millier de dossiers validés … Des modes de financement compliqués, notamment si les formations envisagées dépassent les 150 heures réglementaires du CPF, des listes de formation qui tardent à venir, et globalement une grande lenteur de mise en route »

Pour ma part, il y a plus grave. En gros cette réforme qui a aussi des aspects positifs, privilégie les cycles diplômants et l’acquisition des socles de base (la communication en français, les règles de base de calcul, les techniques usuelles de l’information).  Si vous souhaitez un diplôme ou avez des lacunes de base, les portes du financement vous sont (légèrement) entrouvertes.

Par contre, si vous désirez développer votre anglais, suivre une formation au développement personnel ou à la communication, voire bénéficier d’un coaching, votre entreprise devra grosso modo le financer sur ses fonds propres. En période de baisse des marges, autant vous dire qu’il y aura peu d’élus.

Je reprends les propos de Luc « Terminées les formations pour mieux communiquer, défendre un point de vue, gérer les conflits, organiser son temps, mieux manager, animer des réunions… Alors que de plus en plus d’entreprises aujourd’hui sont tentées par l’expérience de l’entreprise libérée, la formation, elle, est de plus en plus contrainte et sous contrainte.»

Le responsable du groupement des acheteurs de formation (GARF) nous l’a confirmé lors de l’assemblée générale de la Federation de la Formation (FFP) : lui et ses collègues sont attentistes, ce qui se traduit par moins de dépenses en ce moment.

On en revient à une vieux litanie: « prouvez-moi que la formation rapporte ».  Pendant ce temps, une entreprise peut en profiter pour économiser jusqu’au jour où elle est dépassée par des entreprises plus dynamiques, plus innovatrices avec des salariés motivés.

Quelle entreprise voulons-nous demain ? Celle qui joue dans la cour des Grands avec un personnel qualifié et motivé ? Ou bien celle qui descend doucement en qualité sans offrir une alternative de bas coûts ?

Un dernier chiffre : 55% des ventes de voiture en France (sur les 5premiers mois de 2015) se font sur le marché d’entrée de gamme (contre 43% en Allemagne par exemple). A nous les Logan, les Twingo et les Peugeot 108. Aux Allemands, les Mercedes et les Audi !

Quel niveau de qualification voulons-nous demain ?

 * source: FFP, Fédération de la Formation Professionnelle
** source: ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social