Le menuisier et le petit garçon

Extrait du livre « Les clefs de l’employabilité », une leçon de management et de motivation

Un jeune garçon, Jean, est placé chez un menuisier pour quatre jours durant ses vacances. Ce dernier veut mesurer son aptitude manuelle et lui demande de construire une table.

Le 1er jour, le menuisier lui donne quelques morceaux de bois, un marteau, des clous, de la colle à bois et lui explique comment faire. Jean, qui imagine cela comme un jeu de construction, écoute à peine, veut faire comme il l’entend, n’entend pas les « trucs » que lui glissent à l’oreille les compagnons de l’atelier, et perçoit très vite ses limites.

Lorsque le menuisier vient le voir à la fin de la journée, il hoche la tête et lui dit : « Si tu étais ici à l’école je t’aurais mis 4/20 pour ta table. Mais tu n’es pas à l’école : qu’est-ce que tu penses avoir appris ? »

Jean lui répond : « J’ai appris que je ne savais pas tout, j’ai appris que je devais mieux écouter et maintenant je veux réussir à construire ma table. » Le menuisier lui souhaite une bonne soirée et lui dit « à demain ».

Le 2ème jour, le menuisier lui donne à nouveau du bois, des clous et des outils et lui explique à nouveau le travail. Jean pose des questions et dit « C’est bon, j’ai compris ».

Dès le départ du menuisier, Jean se lance à corps perdu dans son travail; Il comprend très vite qu’il n’a pas tout intégré, ou plus exactement que les gestes qui paraissaient si simples lorsqu’ils étaient accomplis par le menuisier étaient parfois très difficiles pour lui. Il comprend maintenant qu’il a de nombreuses choses à connaître, qu’il doit travailler le geste technique et qu’il a aussi à apprendre à mieux écouter. Il prend conscience qu’il doit accepter de changer et que cela engendre du stress.

Lorsque le menuisier vient le voir à la fin de la journée et regarde la « table » réalisée, il lui dit : « Des progrès, de très nets progrès, cela ressemble à une table mais sans en avoir les propriétés. Un objet posé dessus ne tient pas en équilibre et glisse. Je te mets 9/20. A demain ».

Le 3ème jour, après de nouvelles explications du menuisier, Jean se remet au travail. Il a compris trois choses :

  • Construire une table est plus complexe qu’il n’y paraît et il faut savoir appréhender l’ensemble des savoir-faire.
  • Pour cela, il décompose les tâches et les séquences pour tenir compte de leur durée (ex. Temps de séchage de colle) et de leur rapport entre elles. Il découvre ainsi la gestion de projet.
  • Il aurait bien envie de poser des questions au menuisier tout au long de la journée, mais celui-ci est peu disponible. Il se rend compte qu’avoir un instructeur à distance suppose un autre mode d’organisation.

A la fin de la journée, le menuisier arbore un sourire en lui disant : « Cela s’appelle une table. C’est perfectible, cela mérite 14/20. A demain. »

Le 4ème jour, tout en suivant les derniers conseils du menuisier, Jean prend conscience de l'intérêt d'être accompagné dans sa progression, de la motivation que cela lui procure et de l'importance de prioriser ses tâches. En acceptant de perdre du temps au départ pour lire des modes d'emploi et les notices techniques,  il gagne beaucoup de temps à l'arrivée.

Le soir, le menuisier lui dit d’emblée : « Note finale : 17/20, bravo ! Et toi, qu’en penses-tu ? »

Et Jean de répondre : « Si à l’école, j’avais fait le même exercice, ma note finale aurait été 11/20 (la moyenne des quatre notes), c’est à dire moyen. Ici, ma note finale est 17/20 et j’ai appris plein de choses sur moi-même, sur les autres, comment mieux travailler et m’organiser. Je trouve cela beaucoup plus motivant ! »