L’écoute est-elle encore une compétence à développer ?

Les théories sur le leadership proclament que le futur est à ceux qui sont à l’écoute des autres, de l’environnement, … Savoir repérer les signaux faibles, favoriser la gestion de l’information et aller à l’extérieur plus qu’avant seraient les nouvelles clés du succès des leaders. Oui, peut-être et comment alors gérer le trop plein d’informations ?

Nous croulons tous face au volume d’information à traiter. Vous avez 100 à 200 chaines de télévision à portée de main sur le câble, quelques milliers de radios (si vous y incluez celles sur le net) et des dizaines, voire des centaines d’emails par jour. Si cela ne vous suffit pas, un IPhone ou un Blackberry vous permettent de les avoir au fil de l’eau. Sans compter les multiples réunions d’échanges d’informations qui vous permettent d’être informé.

Bref, écouter aujourd’hui n’est pas une sinécure : le montant d’informations à portée de mains change non seulement la manière dont votre entreprise est gérée, mais aussi votre art d’écouter.

Voici trois exemples de circulation de l’information dans des entreprises (liste non exhaustive) :

  • dans cette entreprise, plus personne ne lit les mails à l’exception de ceux de son chef direct et du chef de ce dernier. Seules arrivent encore à surnager les techniques originales (pour combien de temps ?) comme Twitter ou le message vidéo. Etes-vous surpris ? Et vous-même combien de messages lisez-vous réellement chaque jour ? La question n’est plus d’écouter, mais de se faire entendre.
  • le deuxième exemple porte sur la gestion des connaissances (« knowledge management »). Cette approche fort à la mode ces dernières années correspond à un besoin croissant des entreprises avec l’importance accordée tant à l’innovation qu’à celui du départ des papy-boomers. A date, la majorité des entreprises ont réduit voire supprimé ces programmes, laissant chacun libre…de se débrouiller pour récupérer de l’information. Ecouter devient poser des questions. Et vous, comment gérez-vous votre transfert de connaissances ?
  • Le troisième exemple est tiré de l’expérience actuelle d’une grande entreprise qui a donné à 500 managers clés à titre de test un Blackberry. Le résultat est intéressant : les réunions sont moins productives et le volume d’emails a doublé ! La direction envisage de reprendre les appareils… Et vous, votre smartphone vous a-t-il fait gagner ou perdre du temps ?

En bref, l’image de l’entreprise autiste où seul le leader en circulant pouvait capter de l’information est bien morte. En effet, peut-être que vous devez écouter plus qu’auparavant, mais comme le nombre de personnes qui parlent a cru exponentiellement, le résultat est une cacophonie pleine de signaux contradictoires.

Cela signifie que vous devez développer deux compétences pour mieux écouter :

  • vous devez apprendre à devenir un sourd sélectif : ignorer volontairement certains messages devient une compétence clé (au même titre que savoir aller à l’essentiel dans son flot d’e-mail)
  • vous avez aussi à devenir plus philosophe sur les critiques et remarques acerbes que vous pouvez entendre ou lire sur internet. Comme précédemment, il ne s’agit pas de toutes les entendre ou de toutes les ignorer, mais plus simplement de savoir en tirer parti : peut-être y a-t-il dedans des messages qui peuvent vous aider à progresser.

Ecouter, oui mais moins et mieux. C’est cela aussi trouver sa voie pour progresser.