Lectures d’été : Qui a le droit ou non de nommer

Dans le fond tout tourne autour de ça. Qui a le droit de nommer et qui ne l’a pas.

Dans la bible, c’est le caractère imprononçable du nom de Dieu – le tétragramme- qui prouve sa supériorité. Personne n’a le droit de le nommer.

Lui, par contre a le droit de nommer Adam, Adam a le droit de nommer les animaux, les animaux n’ont le droit de nommer personne, les « Beiges » (= Blancs) ont le droit de nommer les « Marrons » (= Noirs) et ces derniers avaient le droit de nommer leurs enfants, mais seulement de façon provisoire.

Chaque fois que l’enfant changeait de propriétaire, il recevait un nouveau nom. D’où Malcolm X, bien sûr (1925-1965, militant politique et défenseur des droits de l’homme afro-américain).

Les femmes, elles aussi, devaient toutes s’appeler X. Elles devaient changer de nom en changeant de propriétaire. A la naissance, elles portaient le nom de leur père, puis celui de leur mari.

Même chez les « Beiges » : ma grand-mère Eileen était fière de s’appeler non seulement Mme Darrington, mais Mme David Darrington. Et même, si on garde son nom de jeune fille, comme les féministe de la première vague, il n’a rien de féminin, bien sûr : c’est toujours le nom du père.

De nos jours, on peut porter le nom de la mère , mais cela ne fait que repousser le problème d’une génération : c’est le nom du grand-père maternel

Source : Nancy Houston, l’arbre de l’oubli (Actes Sud, 2021)