Mais arrêtons de faire du management à l’ancienne

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Dans son éditorial paru dans les Echos le 3/11, Eric Le Boucher s’emporte contre les hommes et femmes qui font de politique à l’ancienne en s’appuyant sur un livre récemment sorti.  Et si le management devait faire l’objet d’un tel lifting ?  Des extraits de son article (changez les mots pouvoir et gouvernement par direction et hiérarchie et journaux par contre pouvoirs comme les syndicats).

 Face à un monde de plus en plus complexe, il faut pourtant gouverner autrement. Avec deux principes : humilité et sagesse.

Impréparation, manque de courage : la classe politique est largement et légitimement très critiquée. Mais il est un défaut central dont on ne parle jamais : son incompétence en management. Les hommes et femmes politiques ne savent pas gouverner, au sens de gouvernail, savoir donner et plus encore suivre une direction et au sens d’entraînement, y conduire le pays.

A quelques semaines des primaires, les candidats font de la politique à l’ancienne, avec des programmes qui sont autant de fleurs aux fusils. Ce qui les attend est plus beaucoup plus rude qu’ils croient. Il ne suffira pas de coupler la légitimité du suffrage universel et la volonté. C’est le rôle même du Prince qui, au XXI° siècle, est radicalement modifié dans un monde devenu complexe, incertain, rapide, avec une confiance du peuple réduite à zéro.

Jean Pisani-Ferry est directeur général de France Stratégie, le néo-commissariat au Plan. Avec l’économiste Selma Mahfouz, il s’est demandé (*) pourquoi des dirigeants à priori intelligents, bien informés, bien conseillés, font des erreurs aussi magistrales que l’incapacité française face au chômage.

Faiblesse du prince devant son peuple, mauvaise analyse, connaissances incertaines, convictions opposées, les erreurs des gouvernements s’expliquent. Elles l’ont été de bonne foi, c’est l’univers de la décision politique qui a changé dans un monde où l’incertitude, le doute et la méfiance dominent.

Comment reprendre la main ? Les auteurs ne donnent pas le nouveau mode d’emploi, ils disent qu’il n’y en a plus. Il faut au Prince de l’humilité, une vertu à l’exact opposé du volontarisme vantard de beaucoup. Un pouvoir restreint « mieux calibré, il sera plus légitime », ajoute les auteurs. Encore faut-il de la pédagogie. Pour remonter dans l’estime des gouvernés, le gouvernement doit organiser « un écosystème du débat » et « une éducation à la critique ». Le travail est considérable. « La blogosphère est indigente, les journaux sont le lieu de controverses acerbes, chacun tend à y faire la promotion de ses idées plutôt que de répondre à celle des autres ». En Suède, neuf citoyens sur dix font confiance aux médias, notent les auteurs, parce qu’ils n’hésitent pas à entrer dans les détails techniques et parce que tous s’y expriment y compris les plus hauts fonctionnaires. Le débat est nourri d’arguments pas de tirs de mortiers.

Leur vade-mecum n’apparaîtra morne qu’à ceux qui croient encore qu’il y a besoin de sauveurs, qu’il faut des hommes forts et des coups de mentons. Ceux là décevront plus encore que les autres. Plus que jamais la politique a besoin de redécouvrir les vertus de la sagesse.

* A qui la faute ? Comment éviter les erreurs économiques. Fayard

Retrouvez l’intégralité de son article sur https://goo.gl/wSTeyc