Peut-on éradiquer la corruption ?

La suite des comte-rendus des débats entendus à Sciences Po. Aujourd’hui Mark Granovetter, professeur de sociologie à Standford

Ce compte-rendu est intéressant. Il se situe dans un contexte à la fois de statistiques internationales qui montrent que la France, aux yeux des étrangers, est loin d’être épargnée par cette maladie et le débat en France sur la moralisation de la vie publique et des affaires (dépénalisation des hommes d’affaires par exemple).

Si tout le monde considère que la corruption est un frein au progrès économique, elle est difficile à éradiquer. Pour aller plus loin que les simples lois qui la unissent, Mark Grovenetter propose d’analyser ce que signifie socialement pour les individus les situations où de telles occasions se présentent.

« Une personne qui accepte de l’argent en échange d’une faveur reconnaît qu’elle est d’un statut inférieur à celui du corrupteur. Les personnes de même statut social échangent tout simplement des faveurs dans un cercle de réciprocité sans fin. Corrompre quelqu’un qui se considère de statut social plus élevé est perçu comme une insulte. Les méthodes d’influence passent alors par des systèmes plus complexes »

Remarquez que ce genre d’échanges de faveurs sans fin est aussi une forme de corruption (certaines affaires en cours qui mêlent politiques et businessmen l’illustrent bien).

« Il y a un deuxième cas: celui des groupes en conflit où les avantages attribués à l’un d’entre eux sont jugés frauduleusement acquis par les autres, qui les qualifient de malversations, de corruption »

La victoire de Londres sur Paris pour les JO ou la victoire de Bombardier sur Alstom dans un important marché ferroviaire entrent-ils dans cette catégorie ? Quand les politiques offrent des logements à des immigrants légaux, les citoyens implantés depuis plus longtemps protestent de la sorte.

Il y a un troisième cas :

« Dans bien des pays, nombreux sont les fonctionnaires plus loyaux envers leurs parents et amis qu’envers le gouvernement national qu’ils servent »

Ainsi, une étude a montré qu’une candidate à l’élection présidentielle faisait bénéficier sa circonscription des mannes de la région qu’elle dirigeait au détriment des autres. Et que dire de la Correze qui a aussi bénéficié de largesses importantes ? Cela est aussi fréquent, voire courant dans les entreprises.

Il y a bien sûr aussi des individus sociopathes malhonnêtes peu influencés par les normes sociales.

En fait, nous sommes tous des agents à un titre ou un autre de la corruption. Quand nous favorisons nos proches, quand nous critiquons les choix à notre détriment…

Mark Granovetter conclut en disant que la plupart des individus sont sensibles aux règles morales. L’homme est un animal social qui interprète ses actions à l’aune des indices que lui donne la société.

Peut-être que la culture française favorise la corruption. Une idée qui me vient à l’esprit. Aux USA sur les autoroutes il y a des gens pour les voitures aves deux ou trois personnes dedans. Des panneaux tous les cinq kilomètres vous donnent un numéro de téléphone à appeler si vous voyez quelqu’un enfreindre la réglementation. Pour les américains, c’est du civisme et ils sont fiers d’appeler. En France, c’est perçu comme de la délation. C’est cela les valeurs morales.

Mais comment les changer ?