Plus on est ignorant et moins on le sait

Dans un article du Figaro du lundi 31 mai, Jean-Pierre Robin se gausse du fait que chaque Français, à commencer par le Président de la République, veut avoir un avis sur tout, même s’il n’y connaît rien.

Au fil de l’article, il cite les déclarations contradictoires d’Emmanuel Macron le 6 mars 2020 (« la vie continue » dit-il en sortant du théâtre) et une semaine plus tard l’avis contraire (« nous sommes en guerre »)  ou bien les réponses des sondages où, en avril 2020, le Parisien interrogeait les Français sur l’efficacité contre le Covid d’un certain médicament et seuls 20% n’avaient pas d’avis (rappel on était au tout début). Or, aucune étude scientifique n’avait été faite à ce sujet.

Cette approche vaut aussi bien dans le monde public que dans la vie professionnelle.  Bien sûr, chacun (et moi pour commencer) est prêt à admettre qu’il est un encyclopédie d’ignorances. Or le problème n’est pas tant de ne pas avoir la réponse à un problème donné que de passer à côté du problème lui-même, en l’ignorant ou n’en prenant pas la mesure.

Comment éviter cet obstacle ? Selon Etienne Klein (Le Goût du vrai, Gallimard), nous sommes la proie de quatre biais cognitifs.

Le premier est de prendre ses désirs pour des réalités : nous nous intéressons plus aux thèses qui nous plaisent qu’aux autres.

Le deuxième est de nous fier à notre intuition et donc à nos préjugés.

Le troisième est l’argument d’autorité : si quelqu’un de célèbre (même pour autre chose) l’a dit, alors…

Le quatrième est de parler avec d’autant plus d’assurance sur un sujet qu’on en sait pas grand-chose. Cela s’appelle l’effet Dunning Kruger.

Alors, avant de parler, repensez à ces biais : se donner le droit de ne pas (tout) savoir est une force.