Pourquoi lire ?

Dans le livre « La décision » de Karine Tuill (Gallimard,2022), nous vivons le quotidien d’une juge antiterroriste, confrontée chaque jour à des décisions graves à prendre : faut-il relâcher ou non un suspect ?  La pression est forte et les enjeux considérables (risque d’attentats). 

Un de ses modes de décompression préféré ?

La lecture, parce que pour l’héroïne, « Lire, c’était se confronter à l’altérité, c’était refuser les représentations falsifiées du monde. La littérature exploite et révèle la complexité des êtres ». 

La très grande majorité de ceux qui lisent ce post ne sont pas confrontés à des décisions aussi dramatiques, heureusement. Mais nous vivons tous, plus ou moins, cette pression, notamment celle du temps. Trop de choses à faire dans l’urgence et un temps incompressible.

il n’est pas étonnant que sursollicités par toutes sortes de média (tv, réseaux sociaux, téléphone mobile, mails…), notre consommation de livre a fortement diminué ces dernières décennies, d’autant que le goût de la lecture est lié à notre tempérament, mais aussi à notre éducation, notre entourage…

Selon une étude datant de 2020, plus on prend de l’âge, plus on lit : 12 livres par an au format papier sont lus en moyenne dans la tranche d’âge 15-44 ans, 21 pour la tranche 45 ans et plus… Cela ne donne pas le sentiment de s’améliorer, notamment chez les jeunes, mais d’un autre côté, avec le covid et les temps de confinement, la vente de livres a augmenté en 2021 (+19%). Alors, sursaut occasionnel ou nouvelle tendance ?

Que chercher dans un livre ? Le livre peut être une évasion, un partage, une ouverture sur le monde. Le livre peut se « consommer » en papier, ebook, audio…

Pour ma part, et c’est ce qui m’a interpellé dans la citation extraite du livre, le livre est aussi une ouverture vers l’altérité. Nous vivons dans des univers cloisonnés, que ce soit en termes de localisation ou d’univers sociaux des personnes rencontrées. Notre pensée est façonnée par nos rencontres, souvent les mêmes, et les médias : je pense notamment aux médias sociaux comme Google actualités qui nous donnent à digérer que des contenus que nous préférons. 

Nous désapprenons le regard critique et l’écoute, avec des pensées toutes faites qui nous sont transmises insidieusement. 

Dans ce contexte, la lecture est une des voies pour, à la fois, nous ouvrir à d’autres vies, et nous rappeler que l’être humain, dixit l’auteur, « n’est pas un bloc monolithique mais un être mouvant, opaque et d’une extrême ambiguïté, qui peut à tout moment vous surprendre par sa monstruosité comme son humanité ». Le livre, par sa longueur et sa lenteur peut prendre le temps d’explorer ces multiples facettes où se mêle le visible et l’invisible. 

Même avec un bon scénario et des acteurs de talents, un film ne peut rendre compte en 90’ dans ce qui évoqué dans un livre de 400 pages, sauf à regarder le film plusieurs fois. 

La lecture devient alors une bibliothérapie et 30’ / jour peut suffire. Alors, à tester ?