Serez-vous un leader du quatrième type ?

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Dans « Leaders du troisième type »*, Le président de Hewlett Packard Enterprise, Gérald Karsenti fait référence à l’enseignement de Michael Maccoby à Oxford. Celui-ci transpose au monde du management les trois types libidinaux établis par Freud : les narcissiques, les obsessionnels et les érotiques.  

La vaste majorité des leaders restent des « narcissiques » dits « productivistes ». Leurs qualités sont connues, ce sont des êtres charismatiques, opérationnels et visionnaires, qui vont de l’avant et se fixent des objectifs auxquels ils se tiennent. L’envers du décor est qu’ils peuvent finir par croire que tout leur est permis, que rien ni personne ne doit leur résister. Leurs déviations peuvent aller jusqu’à l’abus de bien social, jusqu’aux harcèlements moral et sexuel ainsi qu’au goût démesuré pour l’argent.

Les « obsessionnels » exercent un leadership de compétence. Ce sont des directeurs juridiques, financiers, des DRH, etc., d’une grande efficacité en environnements complexes. Leurs comportements extrêmes s’expriment sous la forme d’un micro management et d’un excès de pression et de contrôle.

Quant aux « érotiques », leur besoin d’être aimés est chronique. S’ils accordent de l’importance au bien-être des salariés et savent créer des environnements de travail de qualité, tout conflit les déstabilise.

Mais pour l’auteur, cette classification est en train de changer. Pour lui, les gens rejettent aujourd’hui, les dirigeants d’entreprise et les hommes politiques aux ego trop développés. Ces leaders, qui ont tous une dominante narcissique, doivent comprendre que le monde de demain ne s’accommodera plus d’eux. Le glas a donc sonné pour les narcissiques dominants et autres autocrates…

D’ici une dizaine d’années, le temps que les 28-35 ans passent aux commandes, la tendance ira vers des êtres capables de performance, qui rassemblent des qualités humaines et intellectuelles ainsi que des valeurs et une éthique irréprochables. Ce sera d’ailleurs plus une question de mentalité que d’âge et il y a déjà de tels leaders.

Ce changement (que nous avons déjà décrit dans d’autres articles autour du retour des introvertis) permettra également la montée de nouveaux types de leaders : la révolution industrielle actuelle, dont le moteur repose sur la créativité, permet ainsi aux femmes, sous-représentées dans les écoles d’ingénieurs et scientifiques, de prendre des places : pour réussir, on n’est plus obligé d’être ingénieur, comme après la Seconde Guerre mondiale, ou financier, comme dans les années 1980-1990 !

Par ailleurs, l’autre grand changement est que les nouvelles générations, très brillantes sur le digital, vont avoir besoin de davantage de culture pour projeter l’entreprise vers le futur et lui donner sens et dimension. Il devient clé d’apprendre à réfléchir, à resituer les choses dans un ensemble plus vaste ou encore à interroger l’échelle du temps.

* Editions Eyrolles, 2016