Tirer parti d’autres modèles culturels

En termes de management, le modèle consensuel facilite-t-il les choses ? Nous recherchons au travers de la comparaison des modes de management des clefs de lecture. Aujourd’hui le regard sur le management suédois. Comment intégrer la culture de l’autre, qu’il soit manager ou managé ? Comment transformer les idées reçues sur les traits de comportement nationaux en idées neuves au service de la performance de l’entreprise ? (extraits d’un débat publié dans le magazine Liens)

Selon les bons connaisseurs (français travaillant en Suède ou suédois implantés en France), le style de management suédois a peu de spécificité en lui-même. Il s’est peu à peu dilué dans un style plus européen. Les Suédois ont petit à petit appris à connaître l’éthique des Latins, à leur reconnaître beaucoup de qualités aussi, et à les apprécier. Les Latins, de leur côté, ont fait une grande partie du chemin : ce n’est plus un problème, maintenant, de trouver des cadres parlant anglais, et en matière de prise de décision, les Latins ont appris à être plus consensuels.

L’élément central de ce qui différencie les cultures suédoise et française est le mode de gestion de la notion de conflit et de l’arbitrage. Le fonctionnement psychologique des Suédois fait qu’ils ont du mal à admettre le conflit. Ils ont, à travers la démarche consensuelle, développé les moyens de l’éviter, mais sans développer les moyens de le résoudre. Aussi sont-ils désemparés lorsqu’il se présente.

La recherche du consensus puise ses racines dans la nature égalitariste de la société suédoise où tout doit être aussi lisse et transparent que possible, où l’on n’a pas le droit de se distinguer et d’être en dehors du groupe. Cela commence dès l’école primaire : pas de notes, pas de classement, personne n’est officiellement meilleur. Et, plus tard, dans les entreprises, pas ou peu de hiérarchie. Tout le contraire de la France.

Sur le mécanisme décisionnel en Suède, lorsqu’on s’assoit autour d’une table avec des Suédois, on a parfois le sentiment que la décision ne se prend pas, ou bien qu’elle est déjà en cours d’application. Alors le débat semble s’éteindre dans un moment de silence et on passe au sujet suivant… En France, on argumente pour ou contre et le patron dit « voilà ce qu’on va faire ». En réalité, les phases d’étude, de prise de décision et de mise en œuvre sont plus fortement distinguées chez les Français. Confortable pour l’un, déroutant pour l’autre, chacun des deux peut croire que, dans l’autre système, le débat n’a pas lieu. Déstabilisant !

Alors, que préférez-vous ?