Toutankhamon : une leçon d’histoire de résistance au changement

Une grande exposition autour du pharaon Toutankhamon débute ces jours-ci. Savez-vous que ce pharaon est aussi un « produit » de la résistance au changement ?

Aux 15ème et 14ème siècles avant notre ère, la 18ème dynastie porte l’empire des pharaons à son apogée. Akhenaton (Amenhotep IV en égyptien, Amenophis IV en grec) règne entre – 1353 et – 1336.

En l’an IX de son règne, il accélère une évolution / révolution lancée par ses prédécesseurs, proclame qu’il n’y a qu’un seul dieu et ordonne la destruction des images des anciennes divinités.

En révolutionnant ainsi la religion, Akhenaton bouleverse la société égyptienne. La confiscation des biens du clergé des anciens dieux crée des problèmes sociaux dans cette économie égyptienne antique. Le clergé se révolte et pousse au renversement du pharaon, de peur de perdre ses privilèges et ses richesses.

D’après le prêtre égyptien Manéthon (3ème siècle avant notre ère), qui puisait dans des inscriptions hiéroglyphiques anciennes, une alliance se constitue au 14ème siècle (sur la fin du règne d’Akhenaton) entre d’une part des populations sédentaires réduites en esclavage, d’autre part un peuple nomadisant dans le désert. Ils choisissent pour chef un grand prêtre du culte d’Aton nommé Osarseph, rebaptisé Mosé (Moïse) lors de son couronnement comme roi. Finalement, ce Mosé est battu par les troupes du pharaon et fuit vers les pays appelés aujourd’hui Israël / Palestine.

D’après l’historien antique Philon d’Alexandrie (qui disposait de nombreux documents, disparus depuis) Akhenaton avait bien un fils nommé Toutankhaton, inhumé sous le nom de Toutankhamon. Celui-ci devint bien roi alors qu’il n’était qu’un enfant. Sous la pression du clergé, ce dernier rétablit les anciens cultes et leur redonna leurs biens.

Le clergé méfiant fit rayer les noms de celui-ci et des pharaons précédents des listes officiels. Cette discrétion fit que le tombeau de Toutankhaton / Toutankhamon fut le seul à n’avoir jamais été profané, d’où la richesse de la découverte.

Quant aux idées d’Akhenaton et à ses partisans en fuite, certains historiens estiment que cela a été le début du monothéisme (ou plutôt la poursuite de cette idée qui imprégnait déjà les prédécesseurs d’Akhenaton).

Moralité : dans tout changement, ne pensez pas que votre pouvoir (même royal et divin dans le cas du pharaon) suffit.  Distinguez bien les intérêts de vos amis et ceux de vos adversaires. Peut-être que les gains des amis d’Akhenaton étaient moindres que les pertes réelles de ses ennemis, d’où son renversement.

Une leçon d’histoire valable tout aussi bien en politique que dans la vie en entreprise.

Source historique : http://www.gauchemip.org/spip.php?article4627