Transmettre Challenge n° 12 Halte à trop de perfection

Quand nous voulons transmettre, nous cherchons à bien le faire, voire trop bien le faire. Dans ce contexte, la perfection peut être à la fois une qualité et un défaut. Où s’arrêter ? Comment aller à l’essentiel sans se perdre dans les détails ?

Selon une étude réalisée à l’Université de Louvain (Belgique), ce n’est pas tant ce goût de la perfection qui est malsain que la réaction par rapport aux échecs et écueils. Les perfectionnistes tombent rapidement dans des comportements émotionnels dysfonctionnels.

Les experts qui transmettent leurs savoirs sont souvent des professionnels surchargés de travail (du fait de leur expertise). Ils ont à cœur de transmettre leur savoir tout en étant pris dans des injonctions contradictoires : comment répondre aux demandes urgentes tout en prenant du recul pour analyser ce qui est à transmettre ? Comment jouer leur rôle dans l’atteinte des objectifs à court terme (en dénouant les problèmes de leur ressort) tout en cherchant mille et une astuces pour transmettre de manière fluide leur savoir ?

Il en résulte chez les sachants, une tendance au burnout, à la fatigue chronique et aux troubles alimentaires et, à la fin, un refus de transmettre leur savoir (« pas le temps ! »).

Ces injonctions contradictoires mettent souvent le perfectionniste en situation d’échecs (délais non respectés, réponses aux demandes incomplètes, …). Les perfectionnistes ruminent ces échecs et les renforcent dans un sentiment négatif vis-à-vis de cette transmission. Ils vont avoir tendance alors à mettre en place des comportements de suradaptations (heures supplémentaires, surpréparation, …).

Comment s’en sortir ? Voici trois pistes (liste non exhaustive)

Je vous renvoie tout d’abord au livre de Tal Ben Shahar « l’apprentissage de l’imperfection » pour comprendre plus en détail ce mécanisme destructeur et trouver des pistes.

Ensuite, je vous invite à bien faire exprimer ce qui est demandé : que devront faire les apprenants ? de quoi ont-ils réellement besoin ? Après tout, pour conduire une voiture, vous n’êtes pas obligé d’avoir un CAP de mécanicien. Alors, pour traiter telle ou telle activité, sur quoi avez-vous besoin de tout savoir ?

Enfin, je vous suggère de décomposer les besoins en trois niveaux :

  • Le niveau 1, c’est le niveau de base pour traiter une opération (par exemple, conduire une voiture : principes et méthodes requis).
  • Le niveau 2, ce sont les actions un peu plus complexes qui peuvent survenir (ex. Crevaison d’un pneu).
  • Le niveau 3, ce sont des actions plus complexes et plus rares (ex. Panne moteur).

Le niveau 3 reste votre domaine. Le niveau 2 peut être transféré à des personnes déjà expérimentés qui vont devenir des référents pour le niveau 1.

Ainsi, vous allégerez votre charge de travail en transférant du savoir au référents pour qu’ils vous relaient.

Bien sûr, cela suppose perdre du temps (à court terme) pour en gagner plus tard. Vous pouvez dire que vous n’en avez pas le temps, mais cela peut signifier aussi que vous avez peur d’être dépossédé de votre savoir : c’est un autre problème et nous y reviendrons.