Une vision, pour quoi faire ?

En processus de changement, il est impératif, pour le manager, de disposer d’une vision de ce qu’il souhaite mettre en oeuvre, afin de pouvoir mobiliser ses troupes. Cette vision doit être à la fois inspirée, inspirante mais sans donner trop de sécurité (adaptation d’un article du journal du net).

Il peut sembler surprenant de parler de vision en ces temps d’incertitude, au moment où les défis quotidiens accaparent de plus en plus les managers et où les ressources qu’on leur alloue font de plus en plus rares. Elle permet non pas de réduire l’incertitude dans le quotidien mais de l’intégrer afin qu’elle soit prise en compte dans la mise en oeuvre d’un projet ou dans la recherche de l’efficacité organisationnelle. Mais encore faut-il que cette vision sache faire la part entre le rêve inatteignable et ce que l’on pourrait qualifier de « ronron » quotidien.

Pour qu’il en soit ainsi, elle doit rencontrer trois caractéristiques : être porteuse d’un sens intégrateur des sens personnels, être inspirée et inspirante pour la personne qui la porte et pour ceux qui la mettent en oeuvre, et finalement, être source d’une sécurité instable.


Un sens intégrateur

Nous sommes dans une période où les individus ont de plus en plus besoin de trouver un sens personnel à leurs actions et c’est cette recherche de sens personnel qui prend, le plus souvent, le plus de place. Dans un contexte où l’individualisme monte en grade, il y a fort à parier que cette recherche de sens s’orientera d’abord vers une poursuite de l’intérêt individuel en lieu et place d’un intérêt organisationnel. Le manager n’étant pas à l’abri de cette tentation, ce dernier cherchera à faire coïncider son intérêt organisationnel – l’atteinte des résultats ou des objectifs par exemple – avec son intérêt personnel comme son cheminement de carrière.

C’est à cette recherche d’un sens intégrateur que doit se livrer le manager. Un sens qui d’abord le rejoigne et l’inspire ; un sens qui se rattache à la mission de l’organisation ensuite ; et finalement un sens qui, par le biais d’une image qui la révèle, peut devenir mobilisatrice et source d’un nouveau paramètre décisionnel.

Inspirée et inspirante

C’est en lui-même que le manager doit d’abord chercher sa vision : dans ses valeurs, dans sa motivation profonde et son intérêt pour la gestion et finalement dans ce qu’il veut laisser comme empreinte de son passage. Il est donc indispensable qu’il se livre à un long travail d’analyse et de regard sur lui-même afin de pouvoir distinguer ce qui l’allume profondément et véritablement, au-delà des apparences et de ce qu’il veut livrer de lui-même dans le quotidien. Cette vision, ainsi « accrochée » peut lui permettre de vivre, en intégrant l’incertitude, une certaine sérénité qui lui facilitera la mise en oeuvre de son rôle de modèle auprès de ses employés.

Car aussi inspirée qu’elle puisse être, la vision doit devenir inspirante, c’est-à-dire être capable d’aller chercher les individus sur le sens qu’ils recherchent dans leur travail quotidien et leur désir qui est, pour la majorité d’entre eux dans le cas des organisations publiques, d’être utiles à leurs semblables. Bref, elle doit contribuer, tout en respectant la mission de l’organisation ou de la direction, à l’élaboration du sens personnel des individus qui y oeuvrent quotidiennement.

Une source de sécurité instable

Car c’est à ce sens personnel, tant du manager que des employés, que doit s’adresser la vision pour y amener une sécurité, qui en temps d’incertitude, devient essentielle pour mettre en oeuvre des changements réussis. Mais cette sécurité doit être qualifiée d’instable car elle ne vise pas l’immobilisme de celui qui sait mais la mobilité de celui qui veut agir en période de turbulence.

La vision répond aux mêmes objectifs : choisir la route, tracer l’itinéraire et minimiser le plus possible les écarts ou les déviations par rapport au choix initial. Or ces objectifs n’auront de sens que dans la mesure où le sens personnel y trouvera non seulement son complément mais son inspiration. Cette inspiration ne reposera pas sur une certitude, celle d’avoir raison, mais sur une inclusion de l’incertitude, celle d’avoir fait un choix parmi plusieurs possibilités.