Votre jargon est-il compréhensible ?

Une des spécificités du mouvement des gilets jaunes est l’utilisation des réseaux sociaux et non des médias traditionnels. Bien plus, sur ces médias, les gilets jaunes utilisent un vocabulaire décalé par rapport aux habitudes (ils ont des « messagers » et non des « porte-paroles »). Les mots ont un sens, encore faut-il les partager. Et vous, vous êtes-vous assurés que vous êtes compris ?

Toute communauté (professionnelle, sociale, familiale…) a tendance à utiliser, au fil du temps, un jargon avec un sens partagé par ses membres, d’où des sentiments d’appartenance (ou de rejet pour les non-initiés).

Dans mon rôle de coach, je suis amené à me déplacer dans nombre d’entreprises. Il me suffit de repérer une dizaine de mots clés et de les utiliser pour créer une atmosphère de confiance avec mon interlocuteur qui me déclare alors : « vous avez l’air de bien connaître l’entreprise ».

Nous pourrions aussi illustrer aussi cet article d’exemples autour le discours du (top) management farci de concepts et sa compréhension par la majorité du personnel. La vision de l’entreprise, par exemple, n’est pas souvent « interpellante » pour la grande masse des collaborateurs.

Quelles en sont les conséquences ? Dans un article de Slate, l’auteur cite un texte de Pierre Bourdieu, sociologue français :  « (une tendance à ) résister aux paroles neutralisées, euphémisées, banalisées, bref à tout ce qui fait la platitude pompeuse de la nouvelle rhétorique énarchique mais aussi aux paroles rabotées, limées jusqu’au silence, des motions, résolutions, plates-formes ou programmes. Je pense qu’on finit toujours par payer toutes les simplifications, tous les simplismes, ou par les faire payer aux autres ».

Il en ressort une difficulté de dialogue, la recherche d’autres moyens de communication par ceux qui se sentent exclus (les groupes LinkedIn ou Facebook de collaborateurs d’une même entreprise sont d’un tout autre contenu et vocabulaire que les plateformes officiels de l’entreprise – qu’il s’agisse de journaux ou de réseaux sociaux internes- ).

Ce travail sur le langage entre le « haut » et le « bas » favoriserait un meilleur dialogue. De même, abolir les silos passe un travail similaire e transversal.

Une illustration ? Lorsque le magazine Capital a été créé il y a un peu plus de 20 ans, il y avait de nombreux magazines économiques (L’Expansion, A pour Affaires, …) qui vivaient très mal sur le plan économique et tiraient péniblement à 100/150 mille exemplaires. L’astuce de Capital (qui s’est vendu d’emblée à 500.000 exemplaires) a été d’être rédigée dans un vocabulaire compréhensible par tous. Les rédacteurs avaient recueilli les attentes et s’y sont adaptées.

Et pourquoi pas vous ? Il y a de nombreuses formations de sensibilisation au multiculturalisme (France / Allemagne, France / Chine, …). Pourquoi pas de tels ateliers Marketing / finances ?

J’en ai organisé et cela marche.