Vous ne méritez pas d’être là où vous êtes

Dans son dernier livre, Nicola Mathieu nous décrit la vie d’un couple de cadres aisés, qui ont ou semblent avoir réussi. Et pourtant, derrière, l’image de façade, tous deux ont fait de belles études, ont de beaux enfants, une belle maison et réussissent professionnellement…, la femme (Hélène) sent en elle une grande fragilité : 

« Lui appartenait d’emblée au monde qu’elle avait visé. Il en tirait une position immédiatement plus favorable. Et puis un homme, quoi. Il suffisait de voir dans les oraux quand elle était étudiante, comment il s’en sortait, à l’assurance, parce que depuis l’enfance ils avaient été vénérés et convaincus que l’état des choses étaient de leur côté. Dans leur couple aussi, ça pesait. Et si Hélène jouait les égales, elle devait bien l’avouer, elle se sentait un poil en dessous. »

Ce syndrome, appelé couramment le syndrome de l’imposteur ou de l’autodidacte, consiste à nier son accomplissement personnel et à estimer d’être un dupeur-né, en bref, de ne pas être à sa place et de craindre d’être démaqué. 

Ce sentiment d’insécurité injustifié a été mis en évidence en 1978 par deux psychologues américaines, Clance et Imes.  Des études postérieures ont révélé que 70% des personnes l’ont ressenti à un moment ou un autre de leur vie et que les femmes semblent plus concernées que les hommes. 

Ce phénomène est courant et que je rencontre souvent des personnes qui l’expriment. Il y a là une confusion de sens. 

D’abord, il est normal de douter. Comme l’a dit Nietzsche, « ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou ». Cela devient un problème lorsque le doute est chronique.  Ensuite, il y a confusion entre l’image que les autres ont de vous et celle que vous pensez qu’ils ont de vous. La caricature, c’est l’importance accordée, notamment dans les jeunes générations, aux réseaux sociaux. Enfin, ce mélange de peurs, de croyances et de ressenti a besoin d’être exprimé. Plus vous l’enfouissez en vous et plus il est fort. 

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La difficulté, c’est comment en parler : à un(e) ami(e) ? un coach ? un psy ? un groupe de thérapie ? Libre à chacun de trouver sa voie selon sa personnalité et sa situation.

Ce qui est important, c’est que nous avons tous un rôle à jouer dans ce traitement. Combien de fois par jour adressons nous des signes positifs à ceux qui nous entourent ? Lorsqu’ils nous parlent d’un problème ou d’une situation, soulignons-nous les points positifs au moins autant que les points négatifs ? 

En bref, faites de la prévention autour de votre entourage (amis, collègues…). Cela les aidera et cela développera votre propre estime de vous, le meilleur traitement à ce sujet.