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Aimez-vous l’urgence ?

Cette semaine, un extrait du livre de Benny Barbash : « My first Sony » (Points)

C’est grâce à ma grand-mère que je compris qu’il existait un rapport entre le temps et l’air. Premièrement, ils sont tous deux transparents et deuxièmement, ce qui est bizarre avec les deux, c’est que l’on ne se rend pas compte de leur présence, alors que lorsqu’on n’en a pas, on s’en rend compte et comment ; lorsqu’on n’a pas de temps, le matin par exemple, tout le monde se dépêche et Maman crie qu’il n’y a pas de temps. Lorsqu’on n’a pas d’air, comme lorsqu’on fait une compétition de plongée dans la baignoire, on étouffe. Et encore un exemple qui illustre le rapport entre l’un et l’autre, c’est que quand on n’a pas de temps, on commence à se dépêcher et à courir pour rattraper le temps perdu, mais du coup, on s’essouffle et en fin de compte, on finit par arriver à l’heure, mais à bout de souffle.

Il n’y a rien de plus reposant…à court terme que de courir après le temps et l’urgence. En effet, cela nous évite de prioriser nos activités et par là-même d’être clair sur nos objectifs. Imaginez que nous le soyons : non seulement nous devrions concentrer sur ce qui est important (mais pas forcément plaisant pour nous), mais en plus, nous devrions accepter de renoncer de plein gré à faire plein de choses.

 L’urgence répond à notre besoin profond : vouloir tout faire, satisfaire tout le monde et prouver (à nous-mêmes et aux autres) que nous sommes réactifs. Bien sûr, nous aurons répondu à dix mille demandes variées, lu tous nos mails et… omis de faire l’essentiel (à savoir nos tâches de fond), mais qu’importe : la peur de se tromper (en ratant LE mail qu’il fallait avoir lu) et celle du jugement  (« on ne peut pas compter sur vous », « comment ? Vous n’êtes pas au courant ? ») suffisent à nous dissuader à nous poser les bonnes questions.

Et puis, il est de bon ton de courir… comme les autres. Dites à votre entourage que vous savez prendre du recul et  triez vos priorités et vous serez silencieusement qualifié de pantouflard et d’apathique. Sales maladies !

Remarquez, rien de tel que l’été pour y repenser : est-ce que, durant les mois passés,  nous avons été plus loin en courant ou cela cache-t-il la peur du vide ou de l’ennui ?

Peut-être, d’ailleurs, que vos activités durant les vacances ne vous laisseront pas le loisir (ou vous éviteront) de vous poser de telles questions.