Souffrance au travail

La dégradation des conditions de travail à l’encontre du recul de l’âge de la retraite

Samedi après-midi, j’ai écouté par hasard une émision du magazine de la rédaction de France Culture sur la souffrance au travail (reportage d’Odile Sennelart)

En voici la brève introduction : « Voilà quelques semaines, le groupe Renault reconnaissait formellement que la série de suicides, 3 en 4 mois, mettait en cause le fonctionnement du site pilote de Guyancourt au-delà même des raisons strictement personnelles qui conduisent une personne à se suicider. Un plan contre la surcharge de travail et le stress était donc présenté.Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, allait même plus loin avant-hier devant l’assemblée générale en expliquant qu’il existe pour des salariés des tensions objectivement très fortes…Et il rappelle ce qui devrait être une évidence: tout collaborateur dans l’entreprise a droit à l’échec.Mais Renault n’est pas un cas isolé, un même plan d’urgence a été mis en place chez EDF, et de manière générale les professionnels de la santé considèrent que les entreprises tardent à agir. Quant à l’organisation mondiale de la santé, elle estime que la France est, après l’Ukraine et les Etats-Unis, le troisième pays où les dépressions liées au travail sont les plus nombreuses. »

Je vous invite à aller écouter cette émission (30’ environ) très éclairante sur ce phénomène

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture/information/magazine_redac/index.php)

Quelques réflexions complémentaires

A l’heure où nous parlons du recul de l’âge de la retraite, voici que se pose la question sur la dégradation des conditions de travail et l’inadaptation des postes aux travailleurs seniors.

Qu’est-ce qui a changé dans notre univers ? Lors de l’émission de France Culture, un médecin du travail expliquait qu’il y a quinze ans, les problèmes rencontrés venaient surtout des dures conditions de travail des ouvriers et que dans l’ensemble l’encadrement était protégé. Aujourd’hui ce même encadrement constitue sa principale clientèle.

Quels en sont les causes ? L’augmentation de la pression, la semaine de 35 heures qui à la fois réduit le temps et densifier le temps (faire plus avec moins), le travail en permanence dans l’urgence, l’individualisation des rémunérations, la disparition des structures collectives (travail d’équipe…) qui permettaient de se serrer les coudes et de se sentir soutenu… Or, le senior a le goût du travail bien fait et le besoin d’une bonne insertion dans un milieu collectif. Dans ce contexte, sa productivité est correcte.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce ne sont ni l’arthrose, ni les horaires qui motivent l’envie de devancer l’âge de la retraite, mais… l’absence de sens dans le travail.

J’ai eu au téléphone la semaine dernière,  un de mes correspondants, expert informatique au sein d’un grand groupe, qui m’expliquait  qu’à 48 ans, on lui disait qu’il fallait évoluer. Pour lui, la question était plutôt de retrouver du sens : « Je suis volontaire pour évoluer, pour travailler. Mais dans quelle direction ? Redonnez-moi un projet clair et je serai motivé »