Etre obligé d’apprendre toute sa vie

apprendre-2Paradoxe : en ce 1er mai, fête du travail, de parler de l’apprentissage en continu

Cela commence dès l’école. Plutôt que de respirer l’air des champs, les embruns de la mer ou la fraîcheur de la montagne, nous voilà serrés les uns contre les autres à subir des enseignements. Et même si cela ne nous plaît pas, un autre qu’on appelle «maître» nous domine de la taille, nous soumet à ses idées.

Il est chargé de faire passer des «programmes» décidés dans des commissions et finit par nous évaluer au regard des critères officiels comme «socle de compétences». On suggère au au jeune de mettre du cœur dans l’apprentissage, d’apprendre par cœur des récitations. En France ce projet sera rendu obligatoire dès l’âge de 3 ans, alors même que la contrainte d’environnements subis provoque l’anxiété et le rejet de l’école.

Cet apprentissage se poursuit tout au long et tout au large de la vie.

  • « tout au long de la vie » fait référence à la formation professionnelle continue, ambition nationale mais aussi européenne, partagée par l’ensemble des partenaires sociaux. Chacun doit accéder à la formation pour maintenir son employabilité.
  • « tout au large de la vie », valorise l’idée que les expériences informelles d’apprentissages qui se produisent lors de toutes nos activités sociales nous accompagnent en permanence. L’apprentissage est une fonction consubstantielle de la vie, une dérivée du vivant.

Cela débute donc à l’école mais cela se poursuit dans le monde du travail.

Il est souvent montré comment les consultants mais aussi d’autres travailleurs du savoir dominent leur matière, rebondissent et vont sans cesse de l’avant, mais il se pourrait bien qu’ils soient obligés de faire ainsi pour survivre économiquement. Le risque étant celui de la déqualification rapide. L’obsolescence de certaines connaissances, par exemple en informatique, s’accélère au fur et à mesure que de nouveaux langages se substituent aux anciens.

Derrière la mode de la libération de l’entreprise, des directeurs du bonheur ou de la vogue du bien-être au travail, il faut aussi lire un niveau d’exigence sur l’entretien de ses propres savoirs. Le bonheur d’entreprise se mérite par une excellence constante dans ses résultats et par conséquent un entretien voire une élévation de ses compétences.

La veille devient alors un outil indispensable : avant même d’apprendre, il faut repérer quoi apprendre.

Finalement les sociétés du savoir théorisées dans les années 2000 pourraient bien avoir pour revers de la médaille de mettre chacun en responsabilité, voire en tension, sur les connaissances à entretenir continuellement, sous peine de déqualification. Les technologies, les logiciels les méthodes de travail réputées agiles, les transformations de services, de produits, de législation, de normes ou d’organisation mutent de façon rapide et obligent à se mettre à la page. Les pratiques de veille individuelle ou collective sont possibles par des moyens de curation variés :

  • signets sociaux : c’est l’idée d’un étiquetage social et collaboratif des informations sur des thèmes d’intérêts communs (folksonomy)  –
  • abonnement à des flux RSS: fichier texte mis à jour en fonction des évolutions d’un site web
  • site de veille :  il s’agit de listes suivi par un documentaliste ou un veilleur pour organiser les sources de connaissances exemple d’une veille par discipline
  • flux d’actualité : agrégateur d’informations qui peuvent être organisées selon les préférences des lecteurs GoogleFaceBookMédiapart
  • programmation des fonctions des moteurs de recherche : il s’agit d’identifier ses mots clés et ses critères précis pour raffiner la recherche et passer de milliards de pages à celles qui vous intéressent
  • lettre d’information spécialisée : par exemple la lettre d’Educsolou de Thot Cursus

À force de veiller savons-nous encore nous mettre en sommeil? Savons-nous rester ouverts à ce que nous n’attendons pas? Gardons de la place pour du vide, de l’inattendu, une part d’ignorance qui nous rend la vie plus douce.

Source : https://cursus.edu/articles/41344#.Wugv9C97SuU