Dans nombre de domaines techniques, les apprenants ingurgitent des tonnes de données et de savoir technique sans souvent y associer un sens. Celui-ci sera donné ou non par l’usage qui se fera de ce savoir.
Est-ce utile de donner d’emblée du sens à ce que l’on apprend ? Apprendre est-il purement mécanique ou cela relève-t-il d’une notion plus générale de culture ?
La culture, mot et concept, est d’origine romaine. Cultura dérive de « colere » et ce verbe comme ce substantif renvoient au commerce de l’homme avec la nature. Ils désignent le soin des champs, du verger, du bétail. La culture, c’est d’abord l’agriculture et le sens s’est étendu par métaphore.
« Tous les champs que l’on cultive ne porte pas de fruits, écrit Cicéron (orateur romain, -106 / -43 av. JC).. De même tous les esprits qu’on a cultivés ne donnent pas de fruits. Et pour m’en tenir à la même image, un champ si fertile qu’il soit, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’âme sans enseignement, tant il est vrai que chacun des deux facteurs de la production est impuissant en l’absence de l’autre. Or la culture de l’âme, c’est la philosophie, c’est elle qui arrache les vices jusqu’aux racines, prépare les âmes à recevoir les semences, et leur confie, je dirai sème en elle, ce qui ayant mûri portent les plus riches récoltes ».
La « culture » véhicule donc à la fois une idée de moralité mais aussi une idée de rigueur à acquérir.
De la métaphore sont tirées toutes les conséquences : les vices sont comme des mauvaises herbes que l’on arrache de l’esprit ; l’esprit bien cultivé portera des fruits.
Et à quoi sert cette culture ? C’est précisément la réponse à la question : « Qu’est-ce que ? ». Tant que le Bien s’identifiait à la tradition ou à la coutume, cette question ne se posait pas. Elle trouvait sa réponse, avant même d’être posée, par voie d’autorité. ».
C’est abandonner ce qui est ancestral pour ce qui est bon en soi, elle est l’effort pour atteindre la vérité sur les questions les plus importantes.
Cela veut dire qu’une culture purement technique ne peut exister en soi. Il faut aider l’apprenant à y trouver un sens. C’est ce qu’avaient bien compris les Romains et plus tard les lettrés du Moyen Age avec le trivium et la quadrivium.
Qu’est-ce cela ? Nous en parlerons la semaine prochaine.
Inspiré d’un texte de Alain Finkelkraut