Avez-vous vu votre regard ?

Si le soleil se dérobe est un roman qui raconte l’arrivée à New York d’une Jamaïcaine, Patsy, qui cherche à réussir. Arrivée légalement en touriste, elle est accueillie par une amie d’enfance, Cicely, qui s’y est installée quelques années plus tôt. 

Ce livre m’a profondément troublé par le regard de l’autre. Cela pourrait se passer à Paris. 

Cicely passe le bras sous le sien et l’entraîne vers la sortie (du métro). Patsy admire l’ambiance cosmopolite de la ville. Malgré leurs talons hauts, les New-Yorkaises marchent avec grâce, même sur les trottoirs irréguliers ; d’autres hèlent un taxi en tendant leur bras pâle comme au début d’une chorégraphie ; les mains enfoncées dans les poches, les hommes regardent droit devant eux, l’air de défiler sur un podium. Cicely avait raison. C’est ici que vivent les Blancs.  Selon ses conseils, il faut se déplacer rapidement dans cette partie de la ville, ne jamais regarder les gens dans les yeux, serrer son sac contre soi en permanence, jeter régulièrement un coup d’œil par-dessus l’épaule et être gentille avec les enfants des autres, car on n’est pas en Jamaïque, ici : celui qui gronde un enfant qui ne lui appartient pas à toutes les chances de se faire incendier par ses parents. Cicely lui recommande aussi de ne pas faire attention aux personnes blanches qui accélèrent en la voyant, jettent un coup d’œil derrière elles puis traversent la rue ; ni à celles qui se lèveront peut-être au moment où elle s’assied où la fileront dès qu’elle entrera dans un magasin. 

« Reste simplement à ta place, sois polie, travaille dur et gagne de l’argent pour subvenir aux besoins de ta famille. C’est tout ce qui compte. Sois aussi invisible que possible ».

Projetons-nous ce regard sur les autres ?  Est-ce seulement sur les immigrés ? Les personnes de couleur ? Les autres couches sociales ? Un travail d’humilité et de fraternité à faire.  

Ce livre sortira en français à l’automne sous le titre « Si le soleil se dérobe » (éditeur : Aube)