Variation autour d’une pensée de François de la Rochefoucald
Qui est riche ? Qui est heureux ?
Vous lisez les journaux, vous écoutez la radio ou regardez la télévision en France et vous avez de quoi tomber dans le désespoir entre le chômage, la misère grandissante, l’inertie des hommes politiques de tous bords et les prêtres de religions d’amour qui prêchent la haine.
Et puis vous partez au Maroc. La vie est plus simple : ou vous êtes très riche ou vous êtes très pauvre. Les gens que vous croisez ne rêvent que d’une chose, c’est de venir en France, l’eldorado. Ils vous parlent de leurs difficultés et de l’inaction permanente de autorités depuis 40 ans. Pour vous en convaincre, ils vous récitent des pages entières du dernier rapport de la banque mondiale sur leur pays.
Pourtant, ils ont l’esprit d’hospitalité, la bonne humeur et la vie est faite e petits riens où se chacun se respecte. Connaissez-vous les « blouses bleues » ? ce sont des gardiens de trottoirs, certains officiels, la grande majorité non, qui se sont arrogés cette fonction. Vous garez votre voiture, ils veillent dessus et chacun leur donne une petite pièce. Curieusement, la mendicité est moins visible qu’à Paris.
Un soir, invité chez un ami marocain, je constate en repartant, un homme qui dort dans une guérite. Il m’en raconte l’histoire : ancien gardien d’immeuble, il s’est retrouvé au chomage suite à une longue maladie. Il est revenu dans son quartier et a demandé du travail à mon ami. Celui-ci n’en avait pas pour lui, mais loi de l’hospitalité oblige dans un pays où le chômage n’est pas payé, il lui a proposé de lui donner quelque chose chaque mois. Ne voulant pas accepter de salaire sans travail, l’homme lui a proposé de garder sa voiture la nuit. De fil en aiguille, d’autres voisins s’y sont associés et voilà un homme qui arrive dignement à joindre les deux bouts. Dans notre beau pays fait de droits sans devoirs, que de leçons à méditer.
Allons plus loin, descendons en Afrique subsaharienne. La misère est omniprésente sur fond de guerre permanente. A côté d’eux, les marocains sont riches. Et pourtant, vous pouvez être aux confins du désert au Mali ou au Niger, le malheureux bédouin que vous croisez se mettra en quatre pour vous recevoir dignement avec le thé.
Etre heureux ou malheureux : est-ce dans la tête ou dans les biens que l’on possède ? On n’est jamais si heureux, ni si malheureux qu’on s’imagine. La vraie richesse est à construire en bous.