Les pères cadres revendiquent une nouvelle place au sein de leur famille et donc un rééquilibrage entre leur temps de travail et leur temps personnel. Concilier vie professionnelle et vie personnelle. Voilà l’un des objectifs de la jeune génération des cadres pères de famille (enquête menée par le cabinet de conseil « Equilibres », publiée sur Focus-rh).
Réalisée auprès de cinq entreprises, l’enquête relève trois tendances majeures dans l’évolution de l’identité des ces pères managers.
Des pères équilibristes
- Les premiers, en perte de vitesse au sein de la nouvelle génération, sont « les pourvoyeurs de revenus ». Modèle des années cinquante et soixante, ils considèrent que leur vie est équilibrée dans un rapport temps assumé au profit de la vie professionnelle. Ils représenteraient ainsi 15 % des 400 pères cadres interrogés.
- Viennent ensuite « les équilibristes », majoritaires au sein de la population interrogée (52 %). Comme leur nom l’indique, ceux-ci souhaitent un équilibre à tout point de vue : familial et professionnel. Ils affichent toujours le souci de ne pas atteindre un point de non retour, qui consisterait à quitter l’entreprise ou à redéfinir les rôles au sein de la famille.
- Enfin, « les égalitaires » (33 %) s’affichent comme la partie la plus radicale de la population concernée. Ils sont hyper sensibles à la problématique. Certains ont quitté l’entreprise qui ne leur permettait pas de s’épanouir et n’acceptent aucune entrave à leur équilibre. .
Une évolution qui traduit le passage d’un modèle de père incarnant la loi et l’autorité à un père relationnel, avide d’échanges quotidiens avec ses enfants.
Repenser la culture d’entreprise
Seulement, une telle évolution appelle des changements au sein des entreprises. En effet, non seulement la France présente le plus fort taux de natalité en Europe (2,0 enfants par femme en 2006), mais en plus, les doubles carrières y sont légion avec 80 % de couples actifs. Ainsi, les cadres interrogés ont également soulevé des solutions. D’abord, sur la culture de l’entreprise et du management. Les DRH et les pères managers constatent un fort ancrage du présentéisme dans leurs entreprises. Ensuite, sur les modes de fonctionnement des organisations, les circuits de décisions sont jugés trop longs et les méthodes de travail pourraient être optimisées pour anticiper au mieux sur les tâches à venir. La gestion des trajectoires professionnelles est également pointée du doigt. D’aucuns suggèrent ainsi d’oser des mobilités plus tardives, par exemple, lorsqu’un cadre est parent. Enfin, déjà développée par de nombreux groupes, l’offre de services est vue comme une solution incontournable : conciergeries, crèches, solutions sur mesure pour les populations nomades…)
Une tendance encore marginale ?
Malgré ces constats, certaines incertitudes demeurent. Tout d’abord, la population dite des équilibristes, bien qu’aujourd’hui majoritaire au sein des professionnels interrogés, est susceptible d’évolution. Car, il s’agit de cadres avec des enfants en bas âge (moins de trois ans pour la plupart). Une situation qui appelle à beaucoup de disponibilité pour emmener les enfants à la crèche ou à l’école, par exemple. Parallèlement, les pourvoyeurs de revenus ont, dans l’ensemble, des enfants âgés de plus de sept ans et donc plus autonomes. Et, si une part non négligeable d’équilibristes tend à évoluer vers le statut d’égalitaires, qui peut garantir, qu’une fois leurs enfants plus autonomes, ils n’afficheront pas de nouvelles ambitions professionnelles ?
En second lieu, l’articulation vie privée et vie professionnelle demeure une problématique féminine. Pour cette enquête, 40 entreprises ont été contactée. . Mais seules cinq ont accepté de répondre. Un sujet qui demeure donc encore tabou au sein d’une majorité d’entreprises.