The black Swan, illusion ou réalité ?

Nous vous avons présenté un livre qui a quelques bruits ces derniers mois. A la lecture de ces texte, un de nos lecteurs, Bob Gillespie a réagi. Vous trouverez ci-après une synthèse de ses propos et le lien avec son site pour ceux qui veulent aller plus loin.

Depuis des siècles, les scientifiques et les hommes d’affaires ont utilisé la courbe de Gauss pour prédire les performances de processus stables. N. Taïeb choque profondément toutes ces personnes lorsqu’il appelle cela la « Grande tricherie intellectuelle », arguant que les modèles boursiers sont dangereux s’ils sont basés sur la courbe de Gauss. Son idée clef est que seule la théorie du chaos est adaptée dans un monde qu’il estime dominer par le jeu d’évènements rares. Il va même un stade plus loin en affirmant que « tous les modeles sont faux, mais quelques-uns sont utiles ».

Malgré une solide formation et une expérience de ventes de produits dérivés, N. Taïeb se complait non pas dans une démonstration théorique ou argumentée de son approche, mais dans une attitude empirique et sceptique par rapport aux autres modèles. Il affirme ainsi ne jamais lire les journaux parce que, pour lui, les journalistes sont des producteurs de distorsions.

Les statisticiens n’ont jamais affirmé, pour leur part, que la courbe de Gauss était parfaite et générale. Ils y ont même introduit des conditions (des oscillations stables autour d’une moyenne, sur l’amplitude de ces oscillations, …) qui en limitent la portée. Ils y ont inclus également des conditions sur la répétition dans le temps. Cela signifie qu’un événement isolé ou la répétition de ceux–ci dans un bref espace de temps ne suffisent pas à annuler la loi. Ces évènements hasardeux sont appelés des parasites, qui ne perturbent guère l’équilibre à moyen et long terme. Il y a de tels mouvements dans les produits financiers, mais ceux-ci n’ont jamais vraiment remis en question le marché de l’offre et de la demande.

Les utilisateurs de la courbe de Gauss admettent que des évènements fortuits extérieurs peuvent perturber les résultats. Certains peuvent être anticipés (en lisant les journaux, un trader peut anticiper ou du moins prendre en compte l’effet de certaines nouvelles), d’autres sont totalement hasardeux (ex. le Titanic et l’iceberg). Cela ne veut pas dire qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain. En somme, N. Taïeb qui affirme ne jamais lire les journaux, joue la politique de l’autruche en se mettant la tête dans le sable et en attendant l’évènement improbable. Ceci est d’autant plus paradoxal que sa méthode boursière est à 85% conservative

Alors que penser de ce livre : est-ce un plaidoyer pro-domo ? Un produit marketing ? Un effet de souffle mis en valeur par les journalistes distordeurs de la réalité (je cite N. Taïeb) ? Pour sa part, Bob s’est senti trahi alors que son présupposé y était favorable

Merci Bob !

Retrouvez l’intégral du texte de Bob Gillespie sur site (en anglais) http://www.continental-access.com/six%20sigma%20tools.html