C’est la rentrée : L’habit fait-il le moine ?

Cette semaine, c’est la grande rentrée tant professionnelle que scolaire. Fini les tongues et les bermudas-T-shirt, retour à des vêtements plus « classiques ». Une occasion de revoir ses armoires et de se poser la question : que dois-je mettre comme vêtement ? Pour vous y aider, voici les résultats d’une étude (réalisée par Adam Galinsky de l’Université de Northwesterne –USA) sur l’impact de l’habillement sur le processus cognitif.

Il n’est pas un secret que « l’habit affecte la perception des gens sur notre personne, ainsi que notre propre perception sur nous-même » dit le Dr. Galinsky. « D’autres expériences ont montré qu’une femme s’habillant de manière plus masculine durant un entretien d’embauche avait plus de chance d’être embauchée, et qu’un professeur portant des habits formels était perçu comme plus intelligent que s’il portait des vêtements plus décontractés ».

« Nos processus de réflexions sont basés sur des expériences physiques qui mettent en mouvement les concepts abstraits associés. Il semblerait que ces expériences comprennent les habits que l’on porte. Cette étude n’explique pas complètement comment le phénomène se produit » dit-il « Mais elle suggère qu’il serait intéressant d’explorer diverse pistes. Le fait de se laver les mains est associé à une forme de pureté morale et de jugement éthique. Les gens vous considèrent personnellement plus chaleureux si vous avez une boisson chaude dans les mains, et inversement plus froid si vous tenez une boisson fraîche. De même si vous portez un gros calepin ou un « bloc-notes  » vous vous sentirez plus important. »

Mais la vraie question, d’après les chercheurs, est de déterminer si les vêtements que l’on porte affectent notre processus psychologique. Est-ce que notre tenue altère notre approche et nos interactions avec le monde qui nous entoure ? Pour tenter de le savoir, Dr. Galinsky et son collègue Hajo Adam ont mené plusieurs expériences dans lesquelles ce n’étaient pas les vêtements qui changeaient, mais la symbolique associée qui était manipulée.

Dans la première, 58 étudiants ont reçu de manière aléatoire soit une blouse de laboratoire, soit des vêtements civils. Il leur a ensuite été demandé de passer un test d’attention sélective basé sur l’aptitude à détecter des incongruités (exemple : le mot « Rouge » apparait écrit en vert). Ceux portant les blouses ont fait environ moitié moins d’erreur que ceux portant des habits de tous les jours. Une autre expérience explorait l’effet d’amorçage plus en détail. Le fait de simplement voir un objet physique, comme la blouse, affecte-t-il le comportement ? Dans cette expérience, les étudiants portaient soit une blouse de médecin, soit une blouse de peintre, ou n’ont fait que fixer une blouse de laboratoire étendue sur un bureau en face d’eux pendant une période de temps conséquente. Les trois groupes ont ensuite écrit un essai à propos de ce qu’ils pensaient des blouses, avant de passer un test d’attention soutenue.

Encore une fois, le groupe portant la blouse de docteur à fait preuve de la plus grande amélioration de leur capacité d’observation.» Il faut porter la blouse, la voir sur son corps, et la sentir sur soi pour qu’il y ait une influence sur le processus psychologique » déclare le Dr. Galinsky.

« Les vêtements envahissent le corps et le cerveau, mettant le porteur dans un état psychologique différent » dit-il. « Mais que se passe-t-il » dit-il, pensif, « si vous vous habillez comme un bandit tous les jours ? Ou avec une soutane de prêtre ? Ou avec un uniforme de policier ? Vous-y habituez-vous au point ou les changements cognitifs n’arrivent plus ? L’effet s’estompe-t-il ? » « D’autres études sont nécessaires » Dit-il. Passionnant non ?

Etude publiée dans le Journal of Experimental Social Psychology et reprise dans le New York Times.