Conte japonais (de Noël ?) : le mariage du canard et du riz

Les fêtes en général, sont l’occasion de faire de bons repas. Alors, si vous mangez du canard et/ou du riz,  pensez que cela peut être l’occasion de contribuer à la beauté de notre planète.

Voici une histoire vraie, presque un conte de Noël,  qui se déroule au Japon.

Au village de Fukuoka, le fermier japonais Takao Furuno passait de longues heures à entretenir ses rizières et à enlever laborieusement les mauvaises herbes qui l’envahissent. Un jour, il trouve par hasard un vieux livre qui raconte qu’autrefois les cultivateurs avaient coutume de faire patauger des canards dans les rizières. Pourquoi ? se demande-t-il.

Esprit curieux, il lâche des canards dans ses rizières et comprend vite : les canards se nourrissent des mauvaises herbes et des insectes parasites, mais ne touchent pas aux plants de riz. De plus, remuant le fond des rizières inondées, ils oxygènent l’eau. En guise de bonus, leurs déjections constituent un excellent engrais.

Au printemps, donc,  il assèche ses terres, puis en avril il pratique un «faux semis» pour feinter les mauvaises herbes. Elles ont un cycle jumeau du riz, alors lorsqu’il inonde ainsi sa terre, elles commencent à pousser. Fin mai, il sème son riz. Le plant pousse très vite pour survivre, retrouver l’air, tandis que les mauvaises herbes, pourrissent en partie sous l’eau. Il attend quelques jours et lâche ses canetons, âgés de 15 à 20 jours. Ils vont grandir avec le riz, mangeant les herbes qui ont survécu, picorant les germes restés dans le sol.

Pourquoi le canard se concentre-t-il sur les indésirables en épargnant le riz ? Parce que ce dernier est chargé de silice. Ses feuilles deviennent rêches, coupantes, peu appétissantes. Le canard raffole au contraire des mauvaises herbes des rizières : la panisse, sorte de cresson qui recouvre les rizières d’une pellicule vert vif, très belle mais encombrante. Les canards picorent, piétinent ces nuisibles, et comme leur comportement social les pousse à se suivre en file indienne depuis leur jeunesse, ils voyagent entre les plants de riz sans trop les abîmer, se contentant de troubler l’eau, ce qui gêne un peu plus la germination des mauvaises herbes.

Non seulement, Takao se passe de produits chimiques, mais son rendement est supérieur à celui de ses voisins. Le pompon est qu’il vend en plus son riz « bio » 30% plus cher que ces derniers.

D’autres paysans en Asie ont repris ces méthodes qui aujourd’hui arrivent en Camargue*.

Qui aurait dit que le canard et le riz étaient faits pour s’entendre ?

 * source : Matthieu Ricard (Plaidoyer pour l’altruisme) & Libération (http://www.liberation.fr/vous/2014/11/14/)