Le paradoxe : la digitalisation de la formation est présentée comme un moyen de permettre aux adultes d’être volontaire pour se former « ATAWAD » (Any time, anywhere, any device). Grâce aux outils magiques, tout adulte pourra se former à sa manière et c’est vrai que les nouveaux outils sont attrayants.
Mais (car il y a un mais), tout nouvel outil suppose une prise en main, une adaptation, voire un changement complet de comportement.
Prenons un exemple : la recette de cuisine présentée à la télévision est simple lorsque c’est un professionnel (qui s’est entraîné) qui vous l’exécute sous vos yeux. De retour à vos fourneaux, cela vous semble plus complexe, plus long (et au pire infaisable) à réaliser.
Ce que veulent nous faire croire les magiciens des plates-formes LMS (et autres outils magiques), c’est que la prise en main est simple et que, grâce à leurs conseils techniques, tout un chacun sera capable de concocter une formation digitale ou la suivre.
Je reconnais que les outils présentés sont ergonomiques. Mais nous ne sommes pas des « cuisiniers » expérimentés, ni entraînés à les utiliser.
Alors suffit-il de prendre en main ces outils pour savoir en tirer parti ? Si cela est possible pour certains, je crains que pour la majorité, il faudra un temps d’adaptation, avec le risque de reproduire de vieux schémas sur de nouvelles feuilles. Parce qu’au-delà de la prise en main de l’outil, il faut tenir compte que « l’élève » n’est plus le même et qu’il faut réfléchir avant comment lui présenter le message.
Prendre en main l’outil, revoir son message : cela suffit-il ? Pas forcément, parce que celui qui organise ou délivre le message doit aussi se remettre en cause dans sa façon de concevoir le parcours du message.
Et si nous commencions par l’homme ? C’est-à-dire à réapprendre l’ingénierie de formation (conception globale du parcours de formation) afin de permettre de savoir choisir et de tirer parti au mieux des outils d’ingénierie pédagogique qui nous sont proposées ?
Mon discours est un peu iconoclaste parce qu’il suppose de rallonger (un peu) la facture de la mise en place de ces outils (quand le premier souci des entreprises est de la réduire).
Et pourtant, l’exemple, il y a une dizaine d’années, de e-learning 1ère génération à tout va, est là pour nous le rappeler : les machines ont coûté beaucoup d’argent pour un piètre résultat.
La prévention vaut toujours mieux que la guérison. Je suis spécialisé dans la formation à l’ingénierie de formation et j’ai vérifié cela : cela prend moins de temps de former quelqu’un à choisir et utiliser les bons outils que de changer les réflexes d’un formateur qui a mal commencé son usage des outils.